Parti en 1990 en France finir ses études de cinéma, Maher Abi Samra revient au Liban en 2004, alors que le pays est de nouveau au bord de la guerre civile. Engagé derrière et devant la caméra, il réunit ses anciens camarades de lutte contre Israël en 1982, juste avant la reprise en main du Liban par la Syrie. Au moment où l’histoire semble se répéter, il revisite avec eux le passé pour tenter de saisir ce qui alors a été cruellement mis en jeu d’eux-mêmes, de leurs espoirs et de leurs idéaux. Ensemble, ils ont cru être le dernier rempart contre le confessionnalisme mais la guerre civile s’est achevée par la reprise en main du pays tout entier par les forces confessionnelles. Entre amitié, tendresse et amertume, "Nous étions communistes" raconte la fin d’une utopie collective. Second film présenté dans ce panorama de Maher Abi Samra, "Nous étions communistes" y occupe une place importante, non seulement parce qu’il éclaire le présent du Liban (et plus largement, de notre époque, où le communautarisme semble devenir la norme politique), mais aussi parce qu’il entre en dialogue avec "A Feeling Greater than Love", qui revisite lui les luttes sociales pour s’interroger sur l’avenir.
Nous étions communistes au Nova
3x2 combitickets pour les films de 20h et 22h le 8/6 au Cinéma Nova.
Participer : un mail avant jeudi midi à concours@radiopanik.org avec comme sujet "communistes"
Maher Abi Samra, 2010, LB, video, vo ar st fr, 90'
Rencontre avec le réalisateur Maher Abi Samra le dimanche 27 mai
Shu’our Akbar Min Al Hob شعور أكبر من الحب
Mary Jirmanus Saba, 2017, LB, HD, vo ar st ang, 93'
Si une grande partie des films de ce panorama libanais sont sombres, graves ou désespérés, le premier long métrage de la jeune réalisatrice Mary Jirmanus Saba est porté par une vivacité, un humour et une finesse que rien ne semble pouvoir désespérer. Avec "A Feeling Greater Than Love", elle remonte le temps pour revenir sur les luttes sociales qui ont agité le Liban au début des années 1970, d’abord dans une usine de tabac puis dans une usine de chocolats. A travers un riche travail sur des images d’archives et des rencontres avec ceux qui portent aujourd’hui le souvenir de ces luttes, son film tente de sauver de l’oubli les prémices d’une révolution populaire, que la guerre civile a d’abord brusquement arrêtée avant de l’effacer de la mémoire collective. Grâce à de magnifiques personnages toujours vifs et en colère, grâce à l’héritage du cinéma militant des années 70, qu’elle cite pour mieux le réactualiser, son cinéma fabrique la mémoire bien vivante qui pourrait retrouver le fil de cette histoire perdue, dont tout l’enjeu est de reprendre le cours.