Film à la fois curieux et bien de son époque, "Fotográfia" n’est pas à proprement parler un film sur le folk. Sorte de documentaire très mis en scène, il présente, dans un superbe noir et blanc, le parcours de jeunes citadins très "cools", qui prennent en photo des villageois hongrois pendant le communisme. Eux, habitués aux photos retouchées, où l’on efface rides et autres marques de la vie, et qui ressemblent à d’étranges peintures figées, sont peu réceptifs aux beaux portraits "sur le vif" que leur tendent ces jeunes branchés. De village en village, ils tombent sur une histoire de famille sordide dont ils vont dérouler le fil, qui devient rouge pour leur film. Sans présenter de musique traditionnelle, il s’agit bien d’un film de "collectage" dans lequel Ferenc Sebö, musicien central dans le revival folk hongrois, sert de ménestrel qui appelle les habitants à sortir de chez eux, mais aussi de lien entre les différentes séquences. Pas avec une vielle (qu’il a contribué à remettre au goût du jour) ni avec des instruments traditionnels, mais avec une guitare, il compose des chansons ou utilise des mélodies traditionnelles à cet effet. Conseillé par les frères Buharovs (fidèles du Nova) ce film très curieux nous plonge dans les grincements de la société hongroise du début des années 70.
Revival folk hongrois 70’s au Nova
Ferenc Sebö est une figure majeure du revival folk hongrois à partir de la fin des années soixante.
On le connait en grande partie grâce à son Ensemble, le Sebö Együttes, qui sorti un disque remarqué sur un label hongrois repris très vite par un label américain. Aux cotés de Muzsikás et Kolinda, cet Ensemble permit aux folkeux de tous poils de découvrir le répertoire hongrois, joué avec fougue, dans une démarche pertinente dans les années septante. On le vit alors participer à des films, comme les deux présentés ici, s’adonner à la chanson, partir en collectage, et participer grandement au renouveau de la vielle à roue, ce qui le fit rencontrer Claude Flagel. Le travail était moins grand qu’en France, Angleterre ou Belgique car les traditions hongroises tenaient encore un peu le coup, bien que profondément modifiées par le communisme, le collectivisme et sa récupération du mot « peuple ». Grâce à une collaboration avec l’Institut culturel hongrois de Bruxelles, nous aurons donc la chance exceptionnelle d’accueillir Ferenc Sebö qui nous éclairera sur les deux films présentés et pour un rare concert en Belgique en compagnie de Perger László et Barvich Iván (Flûtes, Tambura, Vielle à roue et guitare).