La Semaine du Son 2016 Mardi 19/1 à 20h
Nos invitées pour ce soir : Philippe Ohsé, Todor Todoroff et Michaël Liberg
Du 25 au 31 janvier 2016, La Semaine du Son organise, dans divers lieux bruxellois, une série d’événements liés au sonore afin d’initier le grand public à une meilleure connaissance du son et de sensibiliser tous les acteurs de la société à l’importance de la qualité de l’environnement sonore.
Cette semaine de manifestations se caractérise par son approche transversale : une réflexion ouverte, informative, ludique et didactique dans le domaine de lacréation (les écritures du sonore, la musique, la radio), de la diffusion (qualité, moyens et formes de diffusion, les supports...), de l’environnement(notamment le Field Recording et les sons de la ville) et de la santé (niveaux sonores, santé auditive, subjectivité des sons...).
Une fête de la connaissance et des pratiques du son, une occasion de comprendre cette part lumineuse et invisible de notre environnement qu’est le son. L’aspect participatif est une des priorités de la Semaine du Son afin d’attirer un large public et de lui proposer une série d’activités de découverte.
Toutes les activités sont gratuites !
Plus d’informations et réservations sur notre site : www.lasemaineduson.be
Fhouille / Filâments : Michaël Liberg - Haïg Sarikouyoumdjian - Franck Yeznikian
Descendre dans la mine… c’est cette métaphore qui prend sa source dans la soirée à venir et que Michaël Liberg invoque en conviant deux amis musiciens, Franck Yeznikian et Haïg Sarikouyoumdjian. C’est une traversée à travers plusieurs mondes, la musique médiévale, la musique traditionnelle arménienne, la musique contemporaine, l’improvisation libre, le bourdon, le feedback, la boucle, le Low volume… ; Toutes ces textures et matières composent ce trio qui se réunira à Flagey dans le cadre de la semaine du son. /
«!Benjamin, en 1940 - soit, pour lui, au moment du danger par excellence -, devait réaffirmer que le tâche de l’historien n’est pas tant de revenir au passé pour s’en tenir plus ou moins tranquillement à une simple référence ou révérence, que de s’en souvenir pour sa force même à survenir dans l’urgence, dans l’actualité du présent, qui est celle d’un danger fondamental, c’est à dire d’une configuration catastrophique : «!Faire œuvre d’historien ne signifie pas savoir “comment les choses se sont réellement passées“. Cela signifie s’emparer d’un souvenir, tel qu’il surgit!à l’instant du danger. Il s’agit […] de retenir l’image du passé qui s’offre inopinément au sujet historique à l’instant du danger.!» Ce n’est pas la même chose, en effet, de commémorer une catastrophe passée dans les pompes consensuelles des «!lieux de mémoire!», et de se remémorer une catastrophe passée pour éclairer la situation présente sous l’angle des incendies à venir.!» Georges Didi-Huberman
Fhouille … une image de la fouille archéologique, qui creuse dans le sol, la sédimentation des parcours de trois musiciens, leurs géologies, l’idée qu’il faut descendre dans le puits pour pouvoir remonter à la surface chargée de houille, le visage noirci par sa trace. La houille, c’est la trace de nos voyages, de nos descentes, notre histoire commune. C’est cette matière qui nous fabrique, c’est le dépôt lent de matière fossile qui vient avec nous et dont nous portons l’identité. Elle est mémoire, la mémoire personnelle, la mémoire des ancêtres, la mémoire du livre, voire même la mémoire des gênes. Tout cela nous conduirait alors vers une sorte de gê(n)ologie de l’être et dont la musique serait une trace. Ce dont nous sommes dépositaires, consciemment ou non, c’est une filiation, la danse lente des générations et les passerelles inconscientes qui se font entre elles par-delà les époques, un fil immémorial dont nous craignons peut-être toujours la rupture. Filâments …pour descendre il faut une corde, un fil léger et cassant qui risque de lâcher et se briser à tout moment, un filament fragile comme une âme. C’est cette fragilité là que nous recherchons dans cette musique, comme un acte de résistance à toute la dimension spectaculaire de notre temps, son injonction permanente à fabriquer toujours plus, toujours plus fort, toujours plus de fracas et puî(t)s d’oubli. Pour pouvoir interroger le présent, il nous faut être mineurs et faire une encordée à travers les époques convoquant ce qui pourrait être une sorte de nostalgie, non pas du passé, mais de ce qui vient - voir venir - ; cette «!nostalgia del futuro!» dont parle Luigi Nono. Et de nos voyages, peut-être en ramenons nous une prémonition. C’est dans ce monde de pénombre douce, ce lieu où il faut aller, pour ramener un peu d’obscurité et de trames à une surface lisse et surexposée. Cette descente s’imagine d’abord dans un grand et sombre silence, c’est ainsi qu’il faut aller fouiller dans la dimension douce du sonore, là ou le bruissement, le roulement de fins cailloux et le grondement de la terre dialoguent. Il sera question de presque rien, du frottement des cordes, du souffle, de la dimension infra-sonore entre le rapport purement acoustique et les apparitions subtiles et sonnantes sur les hauts parleurs. La mine n’est pas sans danger, un effondrement possible, un coup de grisou… c’est peut-être dans l’écho de notre temps aveuglant et assourdissant, qu’il faut aller chercher et remonter un peu de ce gaz inodore, invisible, et qui explose sans avertissement ; comme une implosion en soi. Remontée fragile et emplie de cet explosif insondable. / ∑ichaëiberg