Coupe Circuit, le festival en ligne des réalités sociales, revient pour une seconde édition. Durant tout le mois de novembre, vous pouvez visionner les quinze proaductions retenues et voter. De plus, l'équipe du Festival vous propose une série d'entrevues avec les réalisateurs-trices.
Aujourd'hui, épisode #6:
- Entretien avec Florent Barat et Sébastien Schmitz, réalisateurs de « Beaux Jeunes Monstres »
Après l'entretien, un morceau tiré de la playlist "Protest song of the week", compilée par Quinoa asbl:
- Aretha Franklin – "Respect" (1967)
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J’étais un fan inconditionnel de Otis Redding jusqu’à connaître l’histoire du morceau RESPECT. Vous connaissez toutes et tous ce morceau, et si vous arriviez à la finale de Question pour un champion et que Julien Lepers (oui c’est plus lui le présentateur mais on s’en fout, dans nos esprits ce sera toujours Julien)…je disais donc, et que Julien Lepers éructait « Top : je suis afro-américain et je suis l’auteur de RESPECT sorti dans les années 60… », sans hésiter, vous ne feriez qu’un bond sur le buzzer pour répondre : Aretha Franklin ! Et bien faux, l’auteur original est Otis Redding (oui bon, vous aviez deviné…c’est très bien vous suivez !)
Mais comment se fait-ce que la version de Otis ait pu à ce point disparaitre de la mémoire collective et que les gens ne retiennent que la version d’Aretha ? Le morceau original d’Otis Redding est un message adressé à toutes les femmes en vue qu’elles foutent la paix à leurs maris. Cette super idée de chanson lui est venue après une altercation avec sa femme un soir où il rentrait du travail. Les paroles disent en substance « je t’apporte de l’argent et tout ce dont tu as besoin, tout ce que je demande en retour, chérie, c’est un peu de respect quand je rentre du boulot »….Oui bon, c’est une autre époque, blablabla…C’EST NUL, OUAIS ! Oh le couillon de machiste ! Bon, pas besoin de s’indigner a posteriori, Aretha Franklin lui a donné une leçon quelques mois plus tard en reprenant cette chanson tout en changeant subtilement quelques mots en vue d’inverser les rôles…en substance ça donne : « Et mec, t’as tout ce que tu veux, je m’occupe de la maison donc, quand tu rentres du boulot, tout ce que je demande c’est un peu de respect ! ».
Alors, difficile de comparer les qualités vocales des deux artistes, Otis Redding nous fera toujours vibrer musicalement mais constatons tout de même que sur ce morceau, en plus de le remettre à sa place de petit homme, au niveau interprétation, la version d’Aretha Franklin soutenue par ses sœurs aux chœurs fait de Redding un vulgaire candidat à The Voice ! Bref, voilà pourquoi, c’est la version d’Aretha que nous continuons de chanter aujourd’hui sans pour autant connaître ses origines. Pourtant, le morceau fut à l’époque un double hymne, un hymne afro-américain mais aussi féministe ! Bref, un morceau qui tient compte de l’intersectionalité des rapports de domination…c’est quoi ce jargon ? Quoi? Vous n’avez jamais suivi de formation Quinoa ?
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