Une émission sur le nouvel album, "Un Mouvement Pour Le Vent" de Petit Fantôme qui paraîtra le 6 octobre chez Edge of Town / Because Music.
Petit Fantôme est le pseudonyme évasif et mystérieux de Pierre Loustaunau, multi-instrumentiste intrépide (Frànçois & The Atlas Mountains, Crane Angels, Le Pingouin, Iceberg), longtemps émancipé par le collectif et désormais entièrement dévoué à son projet solo lancé en 2006 – un premier titre paraît sur une compilation CQFD des Inrockuptibles. Pendant longtemps, jusqu’à la tournée Piano ombre (2014), Pierre a été l’un des rouages essentiels de Frànçois & The Atlas Mountains, une aventure amicale autant qu’artistique.
Après quelques années de bougeotte, le Landais a décidé de poser ses valises à Bayonne pour ébaucher la suite du maxi Yallah (2011) et de la mixtape Stave (2013), deux disques encensés par la critique qui devaient autant à l’influence de Grandaddy qu’aux circonvolutions du label Constellation, au répertoire de L’Affaire Louis Trio qu’à une philosophie do-it-yourself héritée de K Records. Dans sa logique DIY, Pierre Loustaunau aime diffuser sa musique gratuitement via Internet. Son goût pour les guitares saturées et la pop rafraîchissante se fait déjà entendre. Les paroles émouvantes de Petit Fantôme touchent l’auditeur – « Être honnête, c’est tout ce qui me reste ». On se souvient encore des morceaux écrits en hommage à son grand-père et au chanteur Mikel Laboa, tous les deux basques, sur Stave.
"Un Mouvement Pour le Vent "
Trois ans après Torse bombé (2014), projet « grindcore punk rock pop mélodique » offert en téléchargement libre le jour de son anniversaire, Petit Fantôme revient avec Un mouvement pour le vent, titre naturel pour ce skater invétéré et randonneur occasionnel. Son auteur le considère volontiers comme son « premier album ». Éternel insatisfait mais compositeur prolifique (tel un Mac DeMarco francophone), le songwriter de Mont-de-Marsan signe onze plages ramassées, futées et émancipées. Où s’entend d’entrée son inclinaison pour les nineties – Quelque chose a eu lieu sonnant comme du Nada Surf dans la langue des Innocents. Avec cette manière, toujours aussi personnelle et poignante, de fendre l’armure : « Mon corps est ici, mon âme est là-bas/J’ai trouvé le sens dans cette distance/Mon art y a trouvé naissance ». Autant de mots – corps, sens, naissance – qui reviennent comme des leitmotivs dans ce disque inspiré « au gré du vent, dans les grands espaces » (Ma naissance, premier extrait révélé et parfaite transition avec Stave) et aussi de douleurs intimes (la maladie de sa mère, évoquée ouvertement dans Elle s’abîme). Les textes sont volontairement courts, comme « des haïkus qui peuvent dire beaucoup » pour reprendre la jolie formule de Pierre Loustaunau.
Dans cet album qui fourmille d’idées et de trouvailles, Petit Fantôme trouve le temps – la contemplation est chez lui un moteur à la création, d’où son retour au pays basque pour ralentir le tempo de la vie et retrouver les terres familiales – de composer des pop songs à l’évidence immédiate. On pense évidemment au tube Easy Come Easy Go, dont le refrain influencé par Don’t Talk (Put Your Head On My Shoulder) des Beach Boys rythmera la rentrée hexagonale : « Écoute mon cœur qui bat et qui sonne comme un charleston/Easy come easy go, ici gomme nos egos ». D’autres morceaux charment instantanément : Libérations terribles (du Pavement en français), Tu ressembles à l’orage (rencontre improbable entre The Rentals et Prefab Sprout) ou encore Comment nous atteindre.
Produit par Edge Of Town et signé en licence chez Because, Un mouvement pour le vent serpente entre pop romantique et noisy brumeuse, passant de l’une à l’autre avec une agilité déconcertante, une aisance désarmante. Pour réaliser son coup, Pierre Loustaunau s’est appuyé sur trois personnes clés : le batteur Jean Thévenin, alias Jaune (pour les prises des rythmiques dans le studio parisien Tropicalia), son acolyte Vincent Bestaven de Botibol (pour des compositions et les arrangements en home-studio) et Stéphane “Alf” Briat, ingénieur du son et mixeur réputé (Phoenix, Air, La Femme, Arnaud Fleurent-Didier) pour trois semaines de mixage pointilleux en septembre 2016. Une dernière étape d’autant plus inespérée que Petit Fantôme perdit toutes ses démos à l’automne 2015, enfouies dans son ordinateur. Un album envolé qu’il fallut donc réécrire (avec l’aide précieuse de Vincent Bestaven) pour mieux repartir de zéro. On peut y trouver une explication à cette pop instinctive qui conjugue tout et son contraire. Avant le point final bien nommé Game Over, longue plage synthétique en souvenir des heures passées sur Mega Drive.
Après avoir eu les honneurs de festivals renommés comme Pitchfork Music Festival Paris en 2013 ou Rock en Seine en 2014, Petit Fantôme s’apprête à repartir en tournée dans une nouvelle formation à cinq, qui comprendra toujours le fidèle Vincent Bestaven de Botibol. Quelques dates prestigieuses – dont We Love Green le 11 juin, le MIDI Festival à Hyères le 21 juillet et la Route du Rock à Saint-Malo le 20 août – sont déjà au programme. Avant une salle parisienne en tête d’affiche à l’automne.