Une entrevue avec le cinéaste israélien avi mograbi, réalisée dans le cadre d'un atelier du Gsara - Les reporters tout terrain, à l'occasion de la rétrospective qui lui est consacrée au Cinéma Nova.
"Avi Mograbi fait partie de cette minorité d’Israéliens ayant rompu avec l’idéologie sioniste à cause de son caractère colonialiste et de plus en plus religieux, une minorité qui ne voit qu’une solution possible au conflit israélo-palestinien : l’abandon du caractère exclusivement juif de l’Etat d’Israël.
Porte-parole d’un groupe de soldats qui refusa l’incorporation pendant la première guerre menée contre le Liban, Mograbi a rejoint plus tard une organisation de parents de "refuzniks" (jeunes appelés qui refusent de faire leur service militaire dans les territoires occupés). Arrivé au cinéma après des études d’art et de philosophie, il posa dès son premier film les bases d’une œuvre forte, iconoclaste et dérangeante, marquée par ses convictions et par la volonté de créer débat, d’avoir un impact politique. Une œuvre tour à tour rageuse, caustique, mélancolique ou désespérée, mais toujours en relation directe avec la société israélienne, dont elle déconstruit les mythes, sonde les malentendus et les ambiguïtés, scrute l’âme et les choix politiques.
Dans une totale indépendance d’esprit et de moyens, Mograbi invente des dispositifs cinématographiques lui permettant d’interroger la construction du mensonge et de la fiction. S’impliquant personnellement dans la narration (ce qui lui vaut d’être souvent comparé à Nanni Moretti) et aimant laisser son propos initial se faire emporter par un autre, ses films évoluent aux limites entre journal intime et chronique sociale, blagues juives et cinéma politique, humour féroce et lucidité, fiction et réalité,…"