Un très beau livre a paru. Les Voix du Mississippi, de William Ferris, édité aux
Etats Unis en 2009, relatant des années de rencontres et d’enregistrement,
parait fin 2013, enfin, en France, en un ouvrage superbe, augmenté d’un disque
et d’un DVD, aux Éditions Papa Guédé.
On parcourt les nervures du papier, la toile de la couverture et le grain des
photos comme on cheminerait le long des peaux ridées de ces musiciens de blues
ici célébrés, comme on arpenterait les routes terreuses qui nous mèneraient
finalement jusqu’à eux.
Dans Les Voix du Mississippi se niche toute la tendresse et toute la rudesse du
blues. Plutôt que d’adopter une démarche historique, musicologique,
sociologique, William Ferris choisit de dresser un portrait du blues à travers
les hommes et les femmes qui l’ont joué et chanté. Ces hommes et ces femmes, il
les a rencontrés. A recueilli leur parole. A enregistré leur musique, sur leurs
lieux de vie. Les a filmés, à l’aide de sa caméra super 8 puis avec la couleur
et le son synchronisé d’une caméra 16 mm.
Nous sommes dans les années 60 – 70, et se consacrer à l’expression musicale, à
la culture et aux traditions des populations noires du sud des Etats Unis est
encore un acte militant, politique. Mais, avant tout, c’est un acte d’amour.