2x2 places pour De la planète des humains
Giovanni Cioni, 2021, BE-FR-IT, vo st fr, 80'
On commence souvent une fable avec "il était une fois", comme pour marquer qu’elle va se dérouler dans un autre temps, pas celui dans lequel nous vivons. Dans le dernier film de Giovanni Cioni, il était une fois le présent. La Riviera des fleurs. Une frontière entre Vintimille et Menton, passage entre l’Italie et la France où des gens venus de loin, apparemment surgis de nulle part, comme s’ils étaient invisibles de ce monde, arrivent avec l’espoir de trouver un endroit où vivre. Au poste français, des containers enferment le temps d’une nuit les migrants arrêtés avant d’être reconduits à la frontière italienne. Dans cette géographie de mer, de montagnes aux pentes abruptes, d’autoroutes et de routes nationales, il y a tracé un sentier escarpé et dangereux, appelé sentier de la mort ou sentier de la vie, selon qu’il s’ouvre ou se ferme sur ceux qui le parcourent clandestinement. Perchées sur les rochers, des villas luxueuses ceintes de jardins exubérants. Parmi elles, une villa féérique de la Belle Epoque où se trouvent, abandonnées, des cages où étaient élevés des chimpanzés, des citernes d’eau occupées par des cœurs de grenouilles. C’est ici qu’il était une fois Serge Voronoff, sorte de docteur Frankenstein qui croyait avoir trouvé la promesse d’une nouvelle jeunesse humaine par la transplantation d’organes génitaux du singe. C’est ici que démarre le parcours méditatif du cinéaste, tissant des liens entre les époques, entre ses propres images et des archives documentaires et de fictions des années 1920 à 1950, entre les récits de migrants et l’expérience folle de Serge Voronoff, entre grandes et petites histoires, entre le poétique et le politique…
Les 4 et 5 décembre, projections suivies d’une discussion avec le réalisateur.