Dans son moyen métrage "Carne", Gaspar Noé suivait un boucher se retrouvant sans un rond et en prison pour avoir tué un homme qu’il soupçonnait d’avoir violé sa fille. Dans "Seul contre tous", son premier long métrage, le boucher en question est sorti de prison, s’accoquine avec une patronne de café, erre dans Lille plein de rage et de haine contre tout et tous, se tire à Paris, erre à nouveau jusqu’à ce que... Faux suspense, on s’en contrebalance. Le boucher est un bloc que toute la rage du monde fait frémir, toujours sur le point d’exploser de toutes manières. Devenu culte, "Seul contre tous" est tenu de bout en bout par son parti pris radical qui lui confère toute sa force et sa droiture. Construit sur un long monologue intérieur, logorrhée paranoïaque et amère, cet espèce de pamphlet célinien dégueule la haine des petits gens accablés de misère, d’ennui et de honte, tête haute même si basse, arme au poing (serré) même si couteau sous la gorge.
Seul contre tous au Nova
Dimanche 4 février 2018
Publiée le lundi 29 janvier 2018