Conférence musicale de Claude Flagel
Claude Flagel vit à Bruxelles depuis 1955. Il s’y réfugie pour éviter d’être engagé dans des guerres coloniales françaises peu recommandables....
Chanteur et musicien, son répertoire s’appuie sur la musique traditionnelle et, peu à peu, sur la musique ancienne où la vielle trouve sa place. Récitals, concerts, cabarets, théâtre, il se produit dans des lieux variés. À la fin des années 60, tout comme René Zosso en Suisse, Claude Flagel participe en Belgique au mouvement revivaliste "folk" tout en poursuivant la recherche sur les ponts entre la musique traditionnelle et la musique ancienne.
Dès 1960, avec Lou, sa femme, chercheur en danse et chorégraphe, ils sont chargés par le Ministère de la culture, d’un programme d’enseignement de la danse traditionnelle destiné aux cadres des mouvements de jeunesse et associations pratiquant cette discipline. C’est pour donner des supports sonores authentiques qu’ils publient, avec le Ministère, "Danses autour du monde", une collection de 21 disques-livrets qu’il faut alimenter en parcourant le monde micro en main et enregistreur en bandoulière. C’est aussi le début de la maison de disques Fonti Musicali, mine d’or comprenant de nombreux enregistrements de terrain mais aussi de musique ancienne.
En 1969, lors d’un premier voyage en Hongrie, ils découvrent des traditions de danses encore bien vivantes et les méthodes de l’ethnomusicologie hongroise créées par Béla Bartok. Ils sont témoins du revival de la musique traditionnelle hongroise, rencontrant tous les groupes, du Sebö Együttes à Muzsikás en passant par Vizontö et Kolinda entre autres. Plusieurs vinyles sont enregistrés et publiés pour les musiciens hongrois tournant en Europe occidentale. Leurs collectages sortent sur plusieurs labels (dont Ocora et Le Chant du Monde) et, bien sur, Fonti Musicali. C’est aussi, de 1975 à 1982, les 8 LP del’Anthologie du Folklore Wallon (qui s’achevait sur des enregistrements des Wallons du Wisconsin !). C’est donc avec grand enthousiasme que nous accueillons Claude Flagel. Il nous racontera avec passion, histoires et belles rencontres avec des musiciens exceptionnels, extraits sonores et vidéos sous le bras. Il sera aussi des nôtres lors des soirées consacrées à la France et à la Hongrie.
Le pays des collines
Jacques Vanderheyden, 1975, BE, 16mm > video, vo fr , 88'
Dès la fin des années 60, comme en France, des chanteurs et des musiciens se lancent dans une réappropriation du répertoire et des pratiques du folklore musical wallon. Des groupes naissent et les stages d’apprentissage se multiplient. Il est autant touchant que cocasse de voir comment les années ‘70 redécouvraient ces musiques traditionnelles avec passion et parfois, beaucoup d’à peu près.
La RTB (assez décentralisée) à cette époque) produit alors des émissions de radio régulières provenant de chaque centre (Bruxelles, Namur, Liège, Mons, Luxembourg…), des retransmissions de concerts, mais aussi des productions télévisuelles comme ce film de 90 min sur pellicule, sans commentaires, qui laisse le temps au téléspectateur de s’immerger dans un sujet sans s’y noyer. S’ensuit évidemment un peu de confusion mais toujours est-il que nous verrons ici Henry Schmidt, l’un des dernier violoneux ardennais, dans une mise en scène le faisant voyager de chez lui à un festival lui rendant hommage.
On y retrouve Claude Flagel, la manivelle de sa vielle dans le creux de la main, dirigeant un ensemble hétéroclite d’épinettes, violons, vielles, tandis que dansent un peu n’importe comment, de jeunes branchés aux looks revenus de nos jours à la mode…
C’est aussi la découverte de jeux de villages, dont un génial jeu de quilles avec boules asymétriques, de chansons wallonnes ou picardes du cru, de revivalistes qui vivent en communauté et animent les processions traditionnelles, une présentation par Jean-Pierre Van Hees de la cornemuse wallonne, etc.
La dernière partie du film se concentre sur "Le Temps des cerises ", première édition des trois festivals de ce nom à l’abbaye de Floreffe. On y croise Aguigui Mouna, l’inénarrable parigo-annecien en harangueur tous azimuts, Julos Beaucarne sur la scène, de bien étranges approches de l’épinette, moult groupes folks wallons et même un trio vocal flamand qui déboîte.
En présence de Bernard Gillain