Désir : maître mot du cinéma d’Imamura, titre de plusieurs de ses films et thème de toute son œuvre. Mais ce "Profonds désirs des Dieux" est peut-être l’une de ses œuvres les plus ambitieuses, une sorte de programme cinématographique où s’exposent chronique ethnographique, farce burlesque et tragédie antique. Un ingénieur débarqué de Tokyo vient faire tourner une usine puis construire un aéroport puis développer le tourisme (on ne sait pas trop, cela dépend des ambitieux au pouvoir) sur une petite île du Sud, isolée, primitive, pleine d’interdits, de rituels et de dieux païens. Mais le voilà qui se casse les dents sur les arbres, les femmes et le bonheur au point de perdre, comme son prédécesseur, la tête et ses repères. Et tandis que la corruption se généralise au grès des projets sur l’île, que les alliances se font et se défont, ceux qui résistent, parce qu’« on ne vend pas ce qui appartient aux Dieux » sont les mêmes qui sont mis au ban de cette communauté pour avoir commis l’impensable. Par un retournement tragique, les exclus s’avéreront les âmes les plus proches des dieux, sacrifiés sur l’autel des désirs artificiels. A travers cette grande fresque d’un monde qui s’ouvre à la modernité, "The profond desire of the Gods" construit lentement la confrontation entre la civilisation urbaine avec ses dieux argent/rentabilité/modernité et le monde païen avec son rapport à la vie animale, ses croyances profondes et sa soif d’absolu. Dans cette parabole écrasée de nuit et de soleil, Imamura façonne l’amplitude lyrique qui traversera ses films plus tardifs.
The profound desire of the Gods au Nova
Jeudi 7 février 2019
Publiée le lundi 4 février 2019
3x2 places à vous offrir pour The profound desire of the Gods le 7/2 à 20h00 au Cinéma Nova.
Participer : un mail avant jeudi midi à concours@radiopanik.org avec comme sujet "désir des dieux"
Shōhei Imamura, 1968, JP, dcp, vo st fr, 172'
07.02 > 20:00