5x2 places pour live soundtrack Birth of a Nation au Nova
David Wark Griffith, 1915, US, 16mm > video, muet int en/NL, 193'
Une guerre civile fondatrice des Etats-Unis modernes, une guerre où les questions d’esclavagisme et de racisme sont centrales. Et puis ce film, sorti en 1915, qui donne le ton pour le cinéma formel à venir. Mais un film au message hallucinant, l’un des pires de l’histoire du cinéma.
Un film pro Klu Klux Klan (si si) qui raconte, d’après un roman, la difficile reconstruction du sud des États-Unis dévasté par la guerre de sécession. Ce sud est vu par le prisme de deux familles amies, qui s’affrontent sur les champs de bataille pour mieux encore se déchirer par la suite ; des histoires d’amours croisées (mettant en scène la légendaire Lilian Gish), dans la grande tradition épique... S’il ne suffit pas de dire que la guerre est finie, il l’est encore moins d’annoncer que les hommes sont égaux après avoir aboli l’esclavage.
A sa manière, qui choqua déjà à l’époque, suscitant émeutes et boycott, mais aussi soutien et renaissance du Klan, le chef d’œuvre de Griffith se transforme en sacré grain de sable dans la machine à faire croire que l’art, la morale et le progrès marchent main dans la main. "Birth of a Nation" dérange et fascine toujours aujourd’hui. Avec ses personnages noirs joués en grande partie par des blancs, ses clichés éhontés et essentialistes. Mais il marque aussi par sa science du montage, l’efficacité du récit, les mouvements de caméras, les séquences colorisées, la maîtrise des grandes scènes d’extérieurs (la guerre, la poursuite finale) et des scènes d’intérieures intimistes (notamment l’assassinat de Lincoln par John Wilkes Booth, incarné par Raoul Walsh !).
"Birth of a Nation" est un véritable monstre de cinéma, un film fondateur à l’aune duquel on juge encore les tentatives de film épique ou traitant d’un sujet proche.
Depuis quelques années, le film est tombé dans le domaine public. L’occasion était donc trop belle de le réinterpréter en lui préparant une bande son live maison à base de musiques d’époque, field recordings, discours détournés historiques ou actuels, et bien sûr quelques interventions de musiciens surprises. Nul doute que ce live soundtrack non conventionnel résonnera d’une façon très particulière au moment même où les questions raciales resurgissent de manière frontale dans le "Land of the Free" !