5x2 places pour Of Men and War au Nova
Laurent Bécue-Renard, 2014, FR, DCP, vo ang st fr, 142'
En 2008, un vétéran de la guerre du Vietnam décide de créer un centre consacré à la réhabilitation et la réinsertion d’anciens combattants, le Pathway Home en Californie. Les vétérans qui y sont accueillis souffrent tous de STPT (PTSD en anglais), “stress de trouble post traumatique”, terme générique sous lequel on regroupe des syndromes éprouvés suite à un traumatisme violent et profond. Comme justement des traumatismes vécus dans le cours d’une guerre. Des fêlures psychologiques que généralement on accepte dans le cas de civils, mais plus difficilement pour des soldats ayant commis des horreurs meurtrières.
Pendant cinq ans, de 2008 à 2013, Laurent Bécue-Renard va partager le parcours d’une douzaine de vétérans des guerres d’Afghanistan et d’Irak accueillis au Pathway Home. Ils y suivent une thérapie de groupe qui peut-être leur permettra de retrouver un semblant de vie normale. Car rongés par le remord, par la honte, par une culpabilité sans fin, ces hommes sont des écorchés vifs. Avec énormément de patience on leur apprend à raconter l’indicible, à se libérer par la parole. C’est d’ailleurs cette dernière qui est le centre névralgique de “Of Men and War”, les récits individuels de ces hommes étant le pivot autour duquel se construit le film.
La caméra de Laurent Bécue-Renard filme au plus près, sans complaisance, ni condescendance, les visages, les gestes, les paroles de ces anciens soldats. Forts un temps, ils sont devenus fragiles. Lentement, et non sans difficulté, les langues se délient, et un récit se construit. Le plus frappant est qu’en écoutant les histoires vécues par ces hommes, en observant leurs visages, on a réellement l’impression de voir des bombes éclater, du sang gicler, des membres être arrachés,…Et pourtant jamais on ne verra des images de guerre. Tout se passe dans le huis-clos du Pathway Home, et seulement de temps à autre le réalisateur se permet une furtive incursion à l’extérieur, dans le quotidien des familles des soldats.
A partir de plus de cinq cents heures de rushes (le tournage ayant duré cinq mois), et un travail de ciselure au montage, Laurent Bécue-Renard tisse un film qui, en creux, est un long plaidoyer contre les ravages de la guerre. Exigeant et certainement dérangeant. A voir à tout prix.
En présence du réalisateur le 16 septembre à 20h
16.09 > 20:00