Les technologies numériques de l'information et de la communication, et la prison constituent deux piliers centraux de nos sociétés. Aux premières nous pouvons accorder une charge politique ambivalente. Outils d'ouvertures, de partages essentiels, mais aussi outils ravageurs utilisés à des fins d'utilisations, d'accélérations et de capitalisation du social. Le solutionnisme technologique et ses effets délétères sont désormais de plus en plus présents tant dans les discours que dans la pratique et ont montré leurs caractères parfois dévastateurs avec la récente réponse politique à la pandémie Covid 19.
La prison reste le pilier essentiel de notre système pénal "démocratique", pourtant il n'est plus à démontrer qu'elle est une institution opaque et source d'oppressions multiples. De la prison, contrairement au numérique, nous n'en entendons presque jamais parler. Et du numérique, bien que nous ne cessons d'en entendre parler comme souvent une solution miracle, nous allons rarement voir sur le terrain "comment cela se passe". Loin d'un simple appareillage technique, les solutions numériques demandent un effort considérable pour être mises en place et leur utilisation est tout sauf "lisse et sans embûches". En allant sur différents terrains de pratiques (que ce soit l'usage des algorithmes dans les soins infirmiers ou encore la numérisation des administrations) on a pu remarquer que les usages technologiques loin de simplifier les procédures, les usages, les rendent plus difficiles, les détruisent et brisent ce qui pouvait encore exister de savoirs situés.
Mais que se passe-t-il lorsque le numérique est intégré dans un monde aussi clôt et refermé sur lui même que la prison ? Le numérique peut-il y être un outil d'ouverture ou de facilitation des tâches administratives, des rapports entre détenus, entre détenus et agents ? Il est désormais de notoriété publique qu'avec les projets de nouvelles (maxi)prisons les gouvernement espèrent pouvoir accélérer la "numérisation des prisons". En Belgique l'interface numérique déjà disponible dans certaines prisons s'appelle PrisonCloud.
Nous sommes aller voir sur place et donner la parole aux détenus pour qu'ils nous apprennent aussi ce qui pourrait nous arriver à nous. Les prisons ont toujours été des laboratoires sociaux, et bien que cette fois ci l'arrivée de la numérisation a pu se faire plus tardive que celle dans la société du dehors, les enseignements que nous pouvons en tirer sont nombreux.
Avec des micro-cellules réalisées par Coco, Noémie, Vincent, Kevin, Jeremie, Claudie&Michel
Une collaboration entre les Singes en Hiver et Radio Casse-Tête avec Mc Yaska, Guillermo, Vincent, Jeremie, Hervé, Chedia, Renaud-Selim président, Laurent, Kevin, Tonino, et Michel et Lola en esprit