DJ Mixanthrope (African Beats & Pieces) présente:
"Vous en vivez ?" · La Vie de Musicien en Afrique & Antilles Francophones
Mini intro ITW + mix
"La musique "nourrit le monde" nous assure le Béninois Gnonnas Pedro, mais le monde nourrit-il les musicien.nes ? Face au piratage de masse, au déclin du live et aux miettes du streaming, les musicien.nes africain.es et antillais.es dépendent comme ailleurs des subsides étatiques et des sponsors — marques et mécènes — pour tirer profit de leurs talents. Et cela avant même une pandémie qui a renvoyé tout le monde chez soi et précarisé davantage les artistes subissant le poids de structures défaillantes.
Si beaucoup ne gagnent pas assez pour subvenir à leurs besoins, ils se regroupent cependant au sein d'une communauté dans laquelle ils trouvent compréhension et inspiration: "Partout où j’ai trouvé musique, partout j’ai trouvé des frères" (Bumba Massa). Ces mêmes frères peuvent toutefois vite devenir des envieux colportant des ragots pour détruire des succès jalousés ("Ils prient pour que tu tombes", Serge Beynaud).
Faisant parfois face à l’incompréhension du cercle familial (la musique, "c’est pour les vauriens", Fitini ; "Tu ne deviendras rien dans la musique", Les Leaders), à l'ingratitude du public, aux harassements des autorités et aux critiques de la presse, leurs vocations résistent aux tempêtes. Pour le grand bien de la société car en effet, "le musicien aussi c’est un grand travailleur" (Bazaré) qui peut jouer un rôle essentiel de fusible ("Il vit la peine de tout le monde", Fati Mariko) et parfois même de "pauvre intellectuel" martyr quand il se fait "emprisonner à ta place" (Fati Mariko). Lorsqu'il parvient à s'exporter à l'étranger, on attend alors de lui qu'il soit "ambassadeur de son pays" (Star Feminine Band).
Cette sélection s'efforce de rapporter les paroles de chanteurs et chanteuses francophones d'Afrique et des Antilles qui parlent de leurs vécus de musicien.nes de façon honnête. Mais alors... "vivent-ils de leur art ?" Arrêtons de leur demander, c'est à nous mélomanes avec nos deniers de nous en assurer !"