Ce périple musical explore des territoires anglo-saxons et plutôt ambient, dont certains habités par des voix très humaines. Sans se priver de quelques incursions plus exotiques et d'une virée très cosmique dans la France libre d’après mai 68 !


L’
Orchestre Tout-Puissant Marcel Duchamp est un collectif musical genevois, dont le nom nom rend un hommage croisé aux grands groupes traditionnels africains et à l’un des artistes les plus iconoclastes du XXe siècle. Sa musique est à l’avenant, un joyeux carambolage de diverses influences. Produit par
John Parish, collaborateur entre autres de
PJ Harvey, «
Rotorotor », le troisième album de l’Orchestre, canalise cette énergie dans des morceaux plus pop et redoutablement efficaces.
Orchestre Tout Puissant Marcel Duchamp
"The Sheep that Said Moo"
Album "
Rotorotor" (2014)


Petit Etat d’Amérique centrale, le Belize reste un pays peu connu, tout comme sa musique. Pour pallier cette lacune, les chercheurs d’or de l’indispensable label Numero Group sont allés fouiller dans les archives et en ont tiré un savoureux CD, «
PCD Cult Cargo : Belize City Boil-up ». On y découvre quelques formations qui, en cherchant à copier les Américains, trouvèrent leur propre style, comme Lord Rhaburn et Jesus Acosta.
Lord Rhaburn
"Disco Connection"
Jesus Acosta
"Guajida"
Compilation "
Berlin 61/89, Wall of Sound" (Le Son du Maquis)

Formé à la fin des années 70 à San Francisco, basé à Bruxelles dans les années 80,
Tuxedomoon est sans doute le plus européen des groupes américains. Ses membres sont aujourd’hui dispersés aux quatre coins du monde, mais ils se réunissent régulièrement pour mettre en œuvre des projets singuliers. Leur dernier disque vinyle est ainsi l’enregistrement d’une musique jouée en septembre 2011 lors de l’Etrange festival, à Paris. Elle accompagnait la projection de «
Pink Narcissus », film érotique gay arty sorti quarante ans plus tôt. Un groupe culte pour un film culte, en somme.
Parallèlement, deux membres éminents de Tuxedomoon,
Steven Brown et
Blaine Reininger, s’associaient à
Maxime Bodson pour composer la bande-son d’un spectacle de danse, « Clear Tears/Troubled Waters ». Le CD est paru che
z Crammed Discs, dans la fameuse collection
Made To Measure, destinée aux musiques d’illustration, et réactivée pour l’occasion.
Tuxedomoon
Toreador del Amor – Album "
Pink Narcissus" (sortie exclusivement en vinyle – enregistr. live 2011)
Brown Reininger Bodson
"Incantato"- Album "
Clear Tears/Troubled Waters" - 2013


Fondateur au début des années 80 du label
4AD, l’une des plus belles réussites artistiques et commerciales du circuit indépendant, l’Anglais
Ivo Watts-Russell est aussi à l’origine d’un projet unique dans l’histoire de la musique enregistrée. Sous le nom de
This Mortal Coil, il fut entre 1984 et 1990 le maître d’œuvre de trois albums, un simple et deux doubles, réalisés avec un imposant casting de musiciens et de chanteurs et chanteuses, certains assez connus, d’autres moins. Chaque disque mêlait des reprises de quelques-unes des chansons préférées d’Ivo et des titres instrumentaux, entre sonorités synthétiques, acoustiques et électriques.
This Mortal Coil
"Barramundi" - Extrait de "
It’ll End in Tears" (1984)
"Meniscus" - Extrait de "
Filigree and Shadow" (1986)
"The Lacemaker II" - Extrait de "
Blood" (1990)

En France, dans la foulée des événements de Mai 68, toute une foule de groupes et collectifs souvent éphémères cherchaient à libérer la musique des contraintes, dans une démarche aussi poétique que politique. Le
Full Moon Ensemble fut l’un d’eux, qui compta dans ses rangs
Archie Shepp, une formation très influencée par le jazz libre et cosmique de
Sun Ra ou
Pharaoh Sanders. Un morceau qu’on retrouve sur une remarquable compilation publiée par le label français
Born Bad, «
Mobilisation générale ».

Full Moon Ensemble
"Samba Miaou" - 1971
Au-delà de leurs prénoms ressemblants et de leur nationalité américaine,
Julianna Barwick et
Julia Holter partagent une approche commune, consistant à exploiter toutes les possibilités de la voix. Si la première a sans doute une démarche plus expérimentale que la seconde, puisqu’elle crée des boucles de sa voix et les superpose, l’une comme l’autre cherchent à exprimer toute la puissance émotionnelle du chant. Le résultat est absolument magnifique.
Julianna Barwick
"Pyrrhic" - Album "
Nepenthe" (2013)
Julia Holter
"City Appearing" - Album "
Loud City Song" (2013)
Notre Périple 13 s’achève en Grande-Bretagne, avec
Douglas Dare. Ce nouveau venu a commencé à composer de la musique instrumentale très jeune, inspiré par les paysages de la côte du sud-ouest de l’Angleterre, où il a grandi. Ce n’est qu’en 2008 qu’il s’est mis à écrire des chansons. Chantées d’une voix frémissante, jouées au piano, ses ballades marient une belle maîtrise du songwriting et une recherche sonore très contemporaine. Son premier album, "
Whelm", sort d’ailleurs sur
Erased Tapes, le label des excellents
Olafur Arnalds et
Nils Frahm. Douglas Dare est d’ores et déjà l’une des grandes révélations de 2014.
Douglas Dare Nile
Album "
Whelm" (sortie mai 2014)