Le temps n’a pas de prise sur Josephine Foster. Ou plutôt, c’est Josephine qui
semble avoir prise sur le temps. Elle peut le remonter à sa guise : comme
quelque poisson qui remonterait le courant de la rivière pour pondre ses œufs,
Josephine Foster puise l’inspiration à la source.
Josephine est à l’instar de l’Amérique elle-même creuset de bien des cultures,
et incarnation d’un certain continuum historique et musical : les influences des
migrants européens, le blues joué sur des pianos de bastringue et le folk sur
des violons de fortune, le monde entier dans un harmonica, la musique jouée
comme si on la chevauchait, la vie saisie dans son mouvement.
Josephine Foster et son chant d’avant babel, sa voix d’esperanto, nous
offraient fin 2013 un disque intitulé « I’m A Dreamer » paru sur Fire records.
Il aurait pu sortir un siècle plus tôt, ses intemporelles mélodies déposées au
creux des sillons d’une galette noire recouverte de shellac. Mais c’est
aujourd’hui que ce disque sort.