Racisme.
En voilà un mot qui semble avoir été
tiré dans tous les sens, jusqu’à en avoir égaré son
sens. Voici un sujet où les experts nous ont tous
perdus avec leurs termes complexes et obscurs. Un
sujet qui fâche, un sujet qui divise, un sujet qui fait
peur. Cependant, le racisme ne cesse de pointer le
bout de son nez dans l’actualité quotidienne qui
nous entoure. Pour celles et ceux qui le subissent, le
racisme est loin d’être un sujet clos.
Entre blancs, on en parle rarement. Pas besoin
d’en parler, à vrai dire. Notre couleur de peau n’est
que rarement mise en exergue. Ces rares instants
où notre attention y est concentré paraissent
extraordinaires et sont, souvent, traumatisants.
Lorsque l’on y est confronté, nous choisissons trop
facilement le silence. Peut-être changeons-nous le
sujet pour éviter le malaise. Ou alors, nous tentons
de montrer notre empathie, notre sympathie, notre
compassion, souvent avec une touche de pitié, voire
même de condescendance. Rares sont ces instants
où nous nous efforçons à prendre le temps d’y penser
plus en profondeur, de voir nos erreurs comme une
opportunité pour apprendre, pour grandir. Après tout,
nous ne sommes pas vraiment concernés et nous
préférons ne pas l’être. Laissons l’oppression aux
oppressé.e.s.
Pourtant, ne serait-ce pas intéressant de voir ce qui
ressortirait si nous prenions le temps d’explorer ce
qui se cache dans les profondeurs de ce malaise
lorsque l’on se voit confronté au racisme ? Ne
serait-ce pas pertinant d’observer la souffrance
subie par les victimes de racisme en tenant compte
de la responsabilité de ceux qui en profitent? À
qui appartient le déni et les actions quotidiennes,
apparemment innocentes, qui permettent pourtant
au racisme de survivre, voire de fleurir ?
En Belgique, le nombre d’incidents racistes au
sein du territoire augmente chaque année. L’Organisme
de Lutte contre les Discriminations et pour l’Égalité des
Chances [UNIA] constate, en 2018, une hausse de 11%
dans le nombre de dossiers ouverts liés au racisme
par rapport à l’année 2017. De plus, d’après l’European
Network Against Racism (ENAR), la face cachée de
l’iceberg reste encore plus alarmante : en Belgique,
80% des discriminations raciales ne sont pas signalées.
Le projet
Sans Blanc de Rien est une fiction
documentaire sonore composée de quatre épisodes.
Chaque épisode développe l’histoire d’une jeune
femme blanche lorsqu’elle apprend à déconstruire ses
biais personnels, à comprendre ses privilèges ainsi que
les préjugés acquis via sa culture et son entourage.
La fiction est entremêlée d’interventions d’expert.e.s
qui démantèlent et simplifient certains aspects plus
techniques des débat politiques et académiques qui
existent autour du sujet.
L’équipe
Fionna, Katia et Estelle se sont réunies
autour de l’observation qu’elles ne pouvaient pas
parler de racisme aux personnes blanches sans être
réprimandées ou disqualifiées dans leurs discours dès
qu’elles abordaient la question de la responsabilité
blanche.
Elles se sont donc lancées dans ce projet ambitieux,
pour découvrir la source du malaise qui surgit
lorsqu’une personne blanche est confronté au racisme
et donc à sa place. Ce projet leur a permis de nourrir
leur propre réflexion, de développer leur esprit critique
quant aux biais et aux mécanismes qui œuvrent à
mainternir le racisme structurel. Il leur a aussi permis
de développer les outils nécessaires pour engager un
débat sur le sujet et mobiliser des arguments concrets
et informés.
diffusion le 03/05/2024
épisode 2