Coupe Circuit, le festival en ligne des réalités sociales, revient pour une seconde édition. Durant tout le mois de novembre, vous pouvez visionner les quinze productions retenues et voter. De plus, l'équipe du Festival vous propose une série d'entrevues avec les réalisateurs-trices.
Aujourd'hui, épisode #7:
- Entretien avec Redouan Derraz et Diddy Spartacus Nsengiyumva, réalisateurs de « Erreur article 1 »
- Entretien avec Loupiote asbl, association productrice de « L'Apiculteuse » et « Dans Ton Monde »
Entre les deux entretiens, un morceau tiré de la playlist "Protest song of the week", compilée par Quinoa asbl:
- Bruce Springsteen – "American Skin (41 shots)" (2000)
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L’Amérique fantasmée, ce n’est pas pour Bruce Springsteen. Comme bien d’autres chanteurs avant lui (Leadbelly, Guthrie, Seeger), il la regarde au fond des yeux et ce qu’il voit n’est pas vraiment folichon !
Né en 1949 dans une banlieue du New Jersey, l’Amérique qu’il a toujours connue n’a rien à voir avec la poudre aux yeux de Times Square, de Las Vegas ou de Hollywood. C’est essentiellement celle de la désillusion face aux promesses fallacieuses de l’American Dream, qu’il hurle sous toutes les coutures, qu’il murmure aussi dans la mélancolie qu’elle génère.
Tout comme les écrivains qu’il admire (London, Fante, Steinbeck…) Springsteen décrit, chanson après chanson, sans concession mais sans manichéisme non plus, une Amérique qui marche de travers, où on bosse dur sans pouvoir joindre les deux bouts, où les paumés côtoient les junkies, où on se suicide à force d’alcool, où les tueurs en série fleurissent par générations spontanées, où le racisme gangrène la société en profondeur.
Le 04 février 1999, Amadou Diallo, un Guinéen de 23 ans, est abattu à New York dans le hall de son immeuble par quatre policiers blancs de la Street Crime Unit si chère à Rudolph Guliani, alors maire de la ville. 41 balles seront tirées, 19 atteindront le jeune homme (qui n’était pas armé).
American Skin (41 shots) – écrite alors qu’il était en tournée avec le E-Street Band – est un cri épidermique face au meurtre d’Amadou Diallo et à l’acquittement des quatre policiers qui sera rendu en février 2000. Il la chantera pour la première fois à Atlanta en juin 2000, ce qui lui vaudra le boycott, par la police de New York, du service de sécurité des dix concerts au Madison Square Garden, qui auront lieu quelques semaines plus tard, et qui clôturent la tournée mondiale de Springsteen.
Cette chanson reste cruellement d’actualité et est, depuis sa création, systématiquement reprise en concert par le « Boss » chaque fois qu’un Afro-Américain tombe sous les balles de la police de son propre pays !
« No secret my friend
You can get killed just for living in your American skin »
Bruce Springsteen nous en livrera une version studio en 2014, sur son album High Hopes, accompagné à la guitare par Tom Morello.
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