Sacré Graal et Jabberwocky au Nova
Monty Python and the Holy Grail
Sacré Graal
Terry Gilliam & Terry Jones, 1975, GB, 35mm, vo st fr & nl, 91'
Issu d’une écriture collective autour de la légende Arthurienne, "Sacré Graal" est l’une des comédies les plus cultes et les plus connues au monde. Elle est placée également sous le signe de Chaucer dans un Moyen-Âge fantasmé, sale, lâche et obscurantiste, mais remplis de gags, de jolies filles, de chansons et, surtout, d’outrances et d’absurde. Bien que les parties soient plus stimulantes que le tout, ce film est un objet cinématographique réussi, hilarant et précieux.
Les conditions de productions furent, là encore, aussi épiques que le scénario, et l’aventure marque les débuts à la réalisation de Terry Jones (spécialiste de Chaucer) et de Terry Gilliam. Comme chez Guerman, la mort et la boue sont au rendez-vous, notamment dans les célèbres scènes des collecteurs de cadavres ou des "Mud eaters" où d’extrêmement pauvres paysans, réduits à manger la terre, expliquent la lutte des classes et l’auto-gestion au Roi Arthur. Il paraît que les conditions de tournage auraient eu raison des nerfs du patient Michael Palin, qui allait pourtant remettre plus tard le couvert dans "Jabberwocky".
Terry Gilliam, 1977, GB, video, vo st fr, 105'
Avec ce film, Terry Gilliam s’émancipe progressivement des Monty Python, tout en gardant un lien fort avec l’univers de ses compères. Michael Palin y tient le rôle principal, et on y retrouve l’esprit et certains gags du groupe. Pour le reste, même si l’humour est encore présent, on entre doucement dans l’univers onirique angoissant qui caractérise le cinéma de Gilliam. Les points communs avec "Hard to be a God" sont nombreux puisqu’on trouve dans ce film une ville boueuse, un château qui s’écroule, des costumes crasseux, des dirigeants minables et mauvais, des marchands, des Guildes agissant en lobbys, des excréments, de la pourriture, de l’urine, des crétins, de véritables gueules, une secte (ici masochiste), d’étranges machines, de la musique diégétique dégénérée, du sang, et un personnage principal qui sert de prétexte à explorer tout cela. Les références littéraires sont proches et le Jabberwocky sort d’un poème absurde de Lewis Caroll (récité par Ted Milton de Blurt, en marionnettiste !). Pour couronner le tout, Gilliam utilise à des fins épiques la musique du grand musicien russe Mussorgsky et ses évocation d’une Kiev médiévale.