Si je vous dis : Tintin au Congo. Cela vous donne une idée de ce dont va parler cette émission. Cet album d’Hergé est aujourd’hui l’exemple emblématique de la bande dessinée lorsqu’on évoque le colonialisme. Il en contient en effet des traces, qui ont fait de lui, ces dernières années, l’objet d’une polémique. Nous le recontextualiserons mais nous mentionnerons aussi d’autres exemples de bandes dessinées franco-belges qui ont été créées à l’époque de la colonisation par la Belgique et par la France, notamment, d’autres pays. Car Tintin au Congo n’est pas la seule BD dont les auteurs ont été influencés par le colonialisme au XIXe siècle. D’ailleurs, dit-on BD coloniale ou colonialiste ? Et aujourd’hui, existe-t-il, dans le monde du neuvième art, un courant anti-colonial, anti-colonialiste ou décolonial ? Comment sensibiliser les étudiants futurs auteurs de BD à cette question du colonialisme ? Enfin, nous évoquerons les traces de colonialisme dans l’espace pubic : faut-il le décoloniser ? Les fresques murales du Parcours BD de la Ville de Bruxelles contiennent de telles traces et a récemment fait l’objet d’une recontextualisation. Avec nos invités, nous tenterons de répondre à toutes ces questions.
©Helene_S
Seront autour de la table pour aborder ce sujet :
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Iadine Degryse, historienne et chercheuse au Brussels Studies Institute. Elle travaille sur les symboles historiques présents dans l’espace public à Bruxelles et qui sont contestés. Elle a ainsi travaillé sur la recontextualisation des fresques du Parcours BD de la Ville de Bruxelles.
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Alicia Lambert, doctorante en littératures à l’Université catholique de Louvain. Sa thèse de doctorat s’intitule « Cases en tensions, mémoires en dialogues : la bande dessinée face à l’imaginaire colonial belge (2000-2023) ». Elle vise à analyser des bandes dessinées récentes (entre 2000 et 2023) dans lesquelles les auteurs prennent de la distance par rapport à l’imaginaire (néo)colonial belge.
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Joëlle Epée Mandengue/Elyon’s, autrice BD. Elle est aussi la directrice du Bilili BD Festival et commissaire d'expositions consacrées à la bande dessinée. Elle a publié la bande dessinée « La vie d’Ebène Duta », qui, à travers ce personnage, raconte son parcours lorsqu’elle est arrivée en Belgique depuis le Cameroun, son pays d‘origine. L‘autrice évoque avec humour l’imaginaire africain et les stéréotypes sur les Africaines, auxquels son personnage ne répond pas. Sa bande dessinée se décline en trois tomes.
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Pie Tshibanda, psychologue de formation, est conteur, écrivain et auteur de bande dessinée. Originaire de la région du Katanga au Congo, il a dû fuir son pays avec sa famille dans les années 1990. Au début des années 2000, il a présenté son spectacle « Un fou noir au pays des blancs », qui retrace son exil vers la Belgique. Il raconte aussi son parcours dans un livre, du même titre que son spectacle. Il est également l’auteur, notamment, de la BD « Des clandestins à la mer : les tribulations de Yado », conçue en collaboration avec Léon Tchibemba.
Quelques suggestions de lectures :
Pie Tshibanda, Un fou noir au pays des blancs, Renaissance du Livre, 2004.
Pie Tshibanda et Léon Tchibemba, Des clandestins à la mer, Coccinelle BD, 2010.
Pie Tshibanda et Léon Tchibemba, L'aventure coloniale, traces d'une histoire dérangeante à Mons, Mons Memorial Museum, 2022.
Pie Tshibanda, Les refoulés du Katanga, 2023.
Elyon’s, La vie d’Ebène Duta, 3 tomes, 2014-2017.
Barly Baruti et Christophe Cassiau-Haurie, Madame Livingstone, Glénat, 2014.
Barly Baruti et Christophe Cassiau-Haurie, Le Singe Jaune, Glénat, 2018.
Nicolas Pitz, Les jardins du Congo, La boîte à bulles, 2013.
Justine Brabant et Annick Kamgang, Lucha, chronique d’une révolution sans arme au Congo, La boîte à bulles, 2018.
Illustration : ©Helene_S