Le drone, ce n’est pas qu’un robot aérien télécommandé. Un « drone », en anglais, c’est un bourdonnement, c’est-à-dire un bruit désagréable pouvant être source de migraine. En musique, il désigne aussi un style particulièrement exploré depuis les années 1960 qui se caractérise par de longues plages musicales présentant peu de variations harmoniques. Typiquement, un morceau de drone music est composé de sons ou de notes qui se maintiennent sur une longue durée ou se répètent. Son aspect expérimental en fait une sous-culture musicale peu connue, et dont le public est principalement composé d’initiés venant d’univers très variés comme l’ambient, le heavy metal et la musique électronique. Cependant, il influence de plus en plus l’univers musical contemporain, notamment à travers la musique minimaliste dite répétitive et le rock qui s’inspire des sonorités indiennes. C’est en effet dans la musique traditionnelle indienne que l’on trouve les premiers drones, notamment avec le tanpura, instrument indien produisant un vrombissement harmonique. Les Velvet Underground, fascinés par le drone, tiennent de lui leur avant-gardisme, alors même que leur musique fait à présent partie de la pop culture. Réécoutez la célèbre «Venus in furs » et, quand vous percevrez son aspect lancinant, vous vous apercevrez que vous connaissiez déjà ce dont je vous parle. C’est parce que le drone se situe en quelque sorte à la frontière entre la musique et le bruit qu’il permet de saisir l’essence de la musicalité, mais aussi de vivre une expérience sensorielle extrême.
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Playlist :
Nurse With Wound : Untitled 3.2 (Soliloquy For Lilith - United Jana - 2015)
Eliane Radigue : Geelriandre (Geelriandre - Arthesis - Fringes Recordings - 2003)
Lights In A Fat City : Surya (Sound Column - Extreme - 1993)
Oren Ambarchi & Scott Horscroft : 19 Guitars (Untitled - Textile Records - 2006)