16 – Meridian Brothers
« Cumbia siglo XXI »
cumbia expérimentale – Colombie – 2020
Le trublion colombien Eblis Alvarez nous fournit notre dose annuelle de morceaux surréalistes dans ce nouvel opus à la pochette chamarrée. On approche des rives accessibles pour cette proposition, de presque mélodies à siffloter sous la douche. Une douche de gaz hilarant évidemment!
17 – Joao Bosco
« Abricó-de-Macaco »
samba – Brésil – 2020
Le vieux routier de la musique brésilienne bouge encore, malgré son grand âge et les sommets de succès commerciaux et d’estime qu’il a atteints par le passé. Aujourd’hui, il peut encore barbouiller quelques classiques de la bossa-nova trop sages par une interprétation très libre. Il peut encore divaguer dans le studio et récupérer les bandes pour les assembler en un épique album de 16 morceaux éclectiques de pas moins d’une heure et demie. On y débusquera des hauts et des bas, bien sûr, mais on reste épaté par la vigueur de ce musicien de plus de 80 ans!
18 – Tiganá Santana
« Vida-Código »
latino – Brésil – 2020
18 – Tiganá Santana, Sebastian Notini, Ldson Galter
« Milagres »
latino – Brésil – 2020
Nous arrivons tout les 3 ou 4 ans à débusquer la production de cet artiste monomaniaque, bien sûr mal distribuer dans nos contrées. Nous l’avions découvert sur une scène d’un centre culturel bruxellois il y a plus de 10 ans. Depuis, le musicien poursuit la même quête de musique afro-brésilienne éthérée et, quoi qu’il arrive, au fil de ses albums, au fil de ces collaborations, on sait que sa musique nous réjouira le cœur par sa finesse apaisante. C’est encore le cas sur les deux albums distincts qu’il nous offre cette année. Difficile de savoir pourquoi l’un est annoncé comme un album de trio et l’autre un album solo, tant la merveilleuse matière se confond d’une œuvre à l’autre. Il peut creuser ce sillon, on le suit encore.
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20 – Alpheus
« The Victory »
rocksteady – Grande-Bretagne – 2020
Ceux à la recherche d’un bon vieux rocksteady à l’ancienne pourront se réjouir de la sortie de cette sortie nostalgique à souhait. C’est même étonnant qu’il s’agisse d’un album solo et pas d’un trio vocal qui aurait bien cadré dans ce contexte. L’avantage, c’est que le swing d’origine y prospère et que la parure de clichés culturels modernes alourdissant considérablement le reggae y est pratiquement invisible. Un peu de ska pour danser, un peu de rocksteady pour romancer et basta! le tout réalisé par des orfèvres du genre.
21 – Jimi Tenor
« Aulos »
fusion – Finlande / Ghana – 2020
Ce n’est pas la première fois que le fantasque musicien croise la route du label allemano-ghanéen. C’est, parmi sa production pléthorique et éclectique, le deuxième album à y voir le jour. Ce n’est pas étonnant qu’il y ait des accointances entre Max Weissenfeld et l’artiste versatile. Ils sont tous les deux attirés par les racines africaines des musiques et le psychédélisme qui a perverti celles-ci. Mais point de réplique du passé ici, bien au contraire, on y entend les possibilités finlandaises pour un futur de l’afro-psychédélisme. Et ce sera salutaire si les Africains continuent de se désintéresser de leurs instruments acoustiques pour se complaire dans des ritournelles synthétiques sans beaucoup de relief.
>> Ecoutez l’émission Djiboutik à propos du label Philophon : Max Weissenfeldt
>> Ecoutez l’émission Djiboutik à propos du label Philophon : les artsites
22 – Kaito Winse
« Kaladounia »
Afrique traditionnel – Burkina Faso – 2020
Tout d’un coup un faisceau assez large de gens autour de moi se mirent à parler de ce jeune griot burkinabé. Il passait dans une salle connue du réseau musiques du monde de Bruxelles. Je découvris un artiste qui jouait de la tradition ancestrale comme un rocker, sans retenue muséale, sans afféterie quelconque. Il jouait comme si le rock avait été inventé dans un village de la brousse sans électricité, il y a trois siècles! Il jouait comme si le rock n’avait pas besoin d’électricité, en fait! Le disque ne témoigne encore que d’une infime partie de l’énergie qui se dégageait ce soir-là. Mais il est déjà assez intense pour nous faire espérer que la prochaine sortie de Kaito accompagnée d’un group hard-core sera le disque de l’année à venir!
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23 – La Maxima 79
« #Resilienza »
salsa – Italie / Amérique latine – 2019
Le genre a perdu quelques adeptes depuis la grande renaissance qu’il eût connu grâce au Buena Vista Social Club dans les 90s. Autant au niveau du public qu’au niveau des musiciens eux-mêmes. Ceux qui restent sont les meilleurs serait-on avec un certain scepticisme, tenter d’affirmer. En tout cas, la Maxima 79, basée en Italie, sait y faire pour balancer de la salsa dura (salsa rapide et intense des 70s-80s). Ici, on a de quoi se laisser aller à des chorégraphies endiablées, et que demande-t-on aux musiques de danse? De l’énergie et des textes édifiants. On a les deux ici, et on ne s’en plaindra pas.
24 – Las Lloronas
« Soaked »
folk – Belgique / Espagne / Allemagne – 2020
Voici un disque typiquement belge! Fais en Belgique, mais sans ni la moindre musique belge ni presque aucun musicien belge. C’est ça la Belgique, un pays mythique, difficile à appréhender! Las lloronas, c’est ça aussi; un rassemblement de trois musiciennes aux parcours variés, sans beaucoup de formations académiques, plutôt des formations sur le terrain, dans la rue. Leur album est à l’image de ce cahot, éclectique, sidéré, sans aucune frontière, plus que bilingue! L’imprécision de la démarche fait partie des charmes de cette œuvre! Ce n’est que les prémices de quelque chose d’encore plus impressionnant, seulement si elles ne se fixent pas d’objectifs trop précis.
>> Ecoutez l’émission djiboutik à propos de Las Lloronas
25 – Pacey
« Gideon Suit »
reggae / rocksteady – Jamaïque – 2020
Allons bon, en voilà un qui a le look bien reggae! Il est cependant assez âgé que pour avoir goûté aux genres qui ont précédé Bob Marley. Qui ont précédé Bob Marley connu en dehors de la Jamaïque. Bien sûr que Bob Marley a aussi donné dans le rocksteady! Pacey aussi est partagé entre les deux étapes de la musique de l’ile. Il n‘est sans doute pas du calibre du leader des Wailers, mais il a suffisamment d’inspiration mélodique, rythmique et textuelle pour combler notre envie de swing alangui sous les palmiers pour cette année.
26 – Natacha Atlas
« Strange Days »
jazz oriental – Égypte – 2020
Natacha Atlas disparait aussi souvent de nos radars qu’elle y réapparait soudainement. Normale, elle ne fait pratiquement plus de musique orientale. Non, elle fait mieux, enfin mieux que la musique orientale qu’elle chantait avant. Elle nous chante du jazz avec une faille, avec une dissonance béante. De petites inflexions en quart de ton pervertissent l’harmonie occidentale, comme un involontaire trémolo déchirant qui s’échapperait d’une voix trop polissée, et c’est épouvantablement émouvant…
27 – Vovô Bebê
« Briga de Família »
samba expérimentale – Brésil – 2019
La formation foldingue “Os Mutantes” a changé, en compagnie plus sage des tropicalistes de tous bord, la musique brésilienne à tout jamais, apportant à la langueur effrénée de la samba une touche de folie rigolote dont elle avait bien besoin. Depuis, une vague infinie de groupes plus novateurs et sarcastiques les uns que les autres débarquent chaque année sur le devant de la scène des grandes villes du pays-continent. Le plus connu ces derniers temps, étant Meta Meta. Vovô Bebê (Bébe Grand-Père!) pourrait leur voler la vedette avec leur samba punk intello foutraque. Ces folles mélodies s’avèrent contre toute attente parfois même plus entêtantes que leurs auteurs ne l’auraient souhaité, c’est dire…
28 – Luana Carvalho
« Baile de Máscara »
samba – Brésil – 2020
Allez un peu de People. Luana Carvalho est la fille unique de ce qui se fait de mieux en termes de position sociale au Brésil, une maman chanteuse de samba à succès (Beth Carvalho) et un papa joueur de foot plusieurs fois champion du Brésil (Édson Cegonha). Elle n’est pas en reste puisque son premier CD fut produit par Moreno Veloso, le fils de l’autre). Elle a de qui tenir et elle a le bras long. Cela suffit-il à créer de la bonne musique? Apparemment oui. Il s’agit ici juste d’un EP de 5 chansons assez sobrement produites, mais on sent une volonté de se démarquer du tout venant en fabriquant artisanalement (la dame compose) du bon produit avec des idées neuves, mais pas absconses. Tien, il parait que Vovô Bebê a participé à ce mini album, tu m’étonnes!
29 – Prince Fatty ft Shniece McMenamin
« Disco Deception » EP
rocksteady – Grande-Bretagne / Jamaïque – 2020
On adore les “fat beats” reggae de l’ami Prince Fatty depuis au moins une décennie. Mais il s’était un peu égaré ces derniers temps avec ces propres compositions, peu ragoutantes en général. Il ne fait rien de mieux que quand il transcode la musique des autres en “fat” reggae. Le voilà donc enfin de retour avec (hélas seulement) 5 morceaux de disco/soul et une chanteuse très compétente. Et la mayonnaise reprend comme au premier jour. Ces beats rebondissants sont extrêmement jouissifs!
30 – Baba Zula
« Hayvan Gibi »
rock oriental – Turquie – 2020
Il m’a fallu quelques années avant de pouvoir vraiment apprécier les vieux routiers du rock psychédélique Turque. Il a fallu assister à quelques concerts de ces phénomènes, à quelques célébrations de ces joyeux drilles. Depuis qu’ils sont un peu plus légers, peut-être grâce au succès dont ils bénéficient maintenant en occident, leur musique à gagner en profondeur. Cet album live rend hommage à ces performances intenses, mystiques, rock’n’roll, et turques.