Conçu dans les années 80 comme un festival d’envergure internationale dédié au jazz contemporain et à la free music, le festival mulhousien, intitulé alors Jazz à Mulhouse, s’est ouvert petit à petit à l’improvisation libre, aux musiques expérimentales et contemporaines. Rebaptisé Météo en 2009, en référence au caractère imprévisible de l’improvisation, le festival revendique aujourd’hui une forme de généralisme et défend toutes les musiques inventives et créatives d’aujourd’hui, qu’elles lorgnent du côté des musiques improvisées et expérimentales, de la musique contemporaine, du rock et de l’électronique, tout en n’oubliant évidemment pas ses profondes racines jazz.
Playlist :
Xavier Charles & Jacques Di Donato : Acacia (Ilex - 2018)
Keith Tippett : Song (Blue Print - RCA Victor 1972)
David Murray : Flowers For Albert (Flowers For Albert - India Navigation - 1976)
Peter Evans : Pathways (For Rajna Swaminathan) (Lifeblood - More Is More Records -2016)
Michiyo Yagi : Remembrance (Chizuku - Tzadik -1999)
Streifenjunko : Høyre, Venstre (Sval Torv - Sofa - 2012)
Axel Dörner & Jean-Philippe Gross : Ljubljana (Concerts Absract - 2018)
Pascal Niggenkemper : Be This Perpetual (Look With Thine Ears - Clean Feed - 2015)
Nicole Mitchell : Points Of Lights ( - 2016)
Senyawa : Di kalah Sudah (Menjadi - Morphine Records - 2015)
Schneider Kacirek (feat. Sofia Jernberg) : Dust (Radius Walk - Bureau B - 2017)
Splitter Orchester & Felix Kubin : Diagram 1 (Shine On Your Crazy Diagram - Gagarin Records - 2016)
Joe McPhee, Daunik Lazro, Joshua Abrams, Guillaume Séguron, Chade Taylor : Track 1 (A Pride of Lions - The Bridge Sessions - 2018)
Sons of Kemet : Breadfruit (Lest We Forget What We Came Here To Do - Naim Records - 2015)
This Heat : Health and Efficiency (Health And Efficiency - Piano -1980)
En 2018, Météo continue de creuser son sillon singulier dans les musiques créatives d’aujourd’hui. La scène française du jazz et de l’improvisation regorge de musiciens passionnants. Nous accueillerons ainsi le batteur Antonin Gerbal et son nouveau quartet Ahmed; le saxophoniste Jean-Luc Guionnet en duo avec le tubiste britannique Robin Hayward
, et le même Jean-Luc Guionnet comme compositeur pour le Splitter Orchester berlinois (grand ensemble de 24 musiciens) ; le spectaculaire orchestre Système Friche dirigé par Jacques Di Donato et Xavier Charles, qui revient après quinze ans d’absence ; le contrebassiste franco-allemand Pascal Niggenkemper qui s’affirme comme l’un des improvisateurs les plus innovants du moment ; le quintet franco-américain A Pride Of Lions mené par le saxophoniste Daunik Lazro et le contrebassiste Guillaume Séguron.
Nous donnerons également une visibilité à la scène locale avec une carte blanche au bassiste
Vincent Posty, membre du collectif strasbourgeois PILS, qui initiera un nouveau trio avec la pianiste Cécile Thévenot et le batteur Benoit Kilian.
De nombreux musiciens en pleine éclosion sur la scène internationale seront présents à
Météo:
- Le trompettiste américain Peter Evans qui brasse avec une aisance déconcertante tonalités de vocalises abstraites, notes limpides, violentes et sensuelles, drones enveloppants.
Avec son ensemble, il se situe au carrefour des musiques nouvelles, improvisées, expérimentales, libres... une musique propre au XXIe
siècle. Ni plus ni moins.
-Michiyo Yagi a étudié le koto (harpe horizontale japonaise) au sein de la prestigieuse
NHK, école de musique traditionnelle au Japon. Au cours d’un voyage d’études aux États-Unis,
elle créa de nombreuses compositions modernes pour son instrument sous l’influence de compositeurs américains non-conformistes tels que John Cage, Christian Wolff, Conlon Nancarrow et John Zorn. Pour ce dernier, elle signa plus tard sur le label Tzadik un mémorable album solo retraçant ce parcours esthétique.
En intégrant les techniques étendues européennes aux nouvelles règles imaginées en Amérique, Michiyo Yagi entreprend sans fard la modernisation d’un instrument ancestral. Elle
jouera en solo, puis dans un duo inédit avec le batteur du groupe culte The Necks: Tony Buck
- Le duo originaire de Yogyakarta (Indonésie), Senyawa, incorpore des éléments sonores de la musique javanaise à une pratique de la musique expérimentale, repoussant les limites des deux traditions. Réalisant un équilibre parfait entre leurs influences avant-gardistes et leur héritage culturel, leur musique est véritablement une nouvelle musique indonésienne, contemporaine.
-Sons Of Kemet, le groupe du nouveau phénomène du jazz mondial en la personne du saxophoniste britannique Shabaka Hutchings inspiré ici par les écrivains George Lamming, Octavia Butler et leur concept d’afrofuturisme.
- De nombreuses grandes figures internationales du jazz, du rock expérimental et des musiques improvisées seront également présentes à Mulhouse : le pianiste britannique
Keith Tippett , illustre membre du groupe culte de rock progressif King Crimson
; les saxophonistes et poètes américains David Murray et Saul Williams pour un concert d’ouverture qui s’annonce mémorable, entre jazz, Great Black Music et poésie/rap ; le compositeur autrichien Wolfgang Mitterer pour un rare solo pour orgue et électronique dans la magnifique église Sainte-Marie de Mulhouse ; la flûtiste afro-américaine Nicole Mitchell pour un solo très attendu à Motoco (ancienne friche industrielle de l’usine DMC de Mulhouse) ; le batteur britannique Charles Hayward qui reforme le groupe culte de post-rock
This Heat; les batteurs et bassistes Chris Cultler et John Greaves du groupe Henry Cow - précurseur du rock expérimental et à l’origine du mouvement musical dit de
Rock In Opposition (RIO) -, avec leur groupe Nimmersatt ; le saxophoniste Joe McPhee dans un quintet né grâce au dispositif de rencontre entre musiciens français et
américains intitulé The Bridge.
Comme chaque année, en parallèle du festival :des workshops, une exposition photographique, des concerts à destination des enfants, des concerts en territoire rural, des moments de rencontres avec le public, et une résidence de création. Attirant chaque année plusieurs milliers de personnes venant d’Alsace, mais aussi des passionnés arrivant des quatre coins de France et d’Europe, Météo se veut avant tout un appel à l’aventure sonore dans le plaisir de l’intelligence et avec la convivialité d’un événement ouvert et populaire.
Soirée d'ouverture du festival Météo 2018 : 2 concerts : KEITH TIPPETT SOLO + DAVID MURRAY "INFINITY 4TET" & SAUL WILLIAMS
> KEITH TIPPETT SOLO (GB)
Avec : Keith Tippett (piano)
Depuis son son dernier solo au festival en 1993, Keith Tippett a connu autant d’années d’enrichissement fertile. Car en ces temps de jeunisme acharné, il serait présomptueux d’affirmer que seules les nouvelles générations brisent les codes, s’affranchissent des genres, renouvellent l’instrumentation. Comme si ces allées et venues n’émaillaient pas la déjà très riche histoire des musiques improvisées. Et la musique de Tippett projette justement du jazz, l’une de ses essentielles vertus : sa versatilité. Ses solos procèdent d’un style unique, immédiatement identifiable, sorte de mesmérisme capiteux teinté d’un fort pouvoir mélodique, qui transforment le piano en un orchestre mû par le seul imaginaire de son exécutant. Une manière modeste de débuter !
Since his most recent solo performance at the festival in 1993, Keith Tippett has enjoyed years of productive growth. In this period of persistent ageism, it would be presumptuous to assert that only the new generations are breaking with convention, freeing themselves from genre labels, and reinventing instrumentation, as though such comings and goings didn’t already dot the very rich history of improvised music. And Tippett’s music happens to convey one of the essential virtues of jazz : its versatility. His solos are carried out in a unique, instantly identifiable style, a kind of intoxicating mesmerism tinged with strong melodic power, transforming the piano into an orchestra moved by the performer’s imagination alone. An unassuming way to start things off !
> DAVID MURRAY "INFINITY 4TET" & SAUL WILLIAMS (US)
Avec : David Murray (saxophone), Saul Williams (voix, poésie), Jaribu Shahid (contrebasse), Orrin Evans (piano), Nasheet Waits (batterie)
David Murray, musicien à la fois résolument enraciné dans sa culture et pleinement ouvert sur les autres, cherche à faire sonner intelligemment la poésie sans affadir sa musique ni assommer ses auditeurs. Prolifique et infatigable, il cultive le quartet canonique, aujourd’hui avec cet Infinity Quartet, hier avec le Black Music Infinity. Atterré par les nouveaux incidents autour de la communauté afro-américaine et attristé par la mort du poète Ishmael Reed, Murray se décide à inviter la grande figure du spoken word, Saul Williams, pour prolonger ses réflexions autour de l’histoire des violences subies par la population noire. La parole militante et incandescente du slameur, appuyée par un jeu swing, bop et free, portera d’autant plus loin.
David Murray, a musician who is at once firmly rooted in his own culture and fully open to others, seeks to prioritize an intelligent reading of poetry, without weakening his music or putting his listeners to sleep. Prolific and tireless, he has been perfecting the classic quartet, first with Black Music Infinity and now with his Infinity Quartet. Dismayed by recent incidents affecting the African-American community and saddened by the death of poet Ishmael Reed, he has decided to invite the renowned spoken word and hip-hop performer Saul Williams to extend his reflections on the violence endured by the Black population. The slam poet’s incandescent, activist speech, supported by swing, bop, and free jazz, will go that much further.
22 août 2018 17:30 – 19:30
2 concerts : STREIFENJUNKO + DUO AXEL DÖRNER & JEAN-PHILIPPE GROSS
> STREIFENJUNKO (NO)
Avec : Eivind Lonning (trompette), Espen Reinertsen (saxophone)
Un duo de cuivres inhabituel, trompette et saxophone, pour un résultat qui ne l’est pas moins. Les deux protagonistes, Espen Reinertsen et Eivind Lønning, n’élaborent pas tant leur musique par le prisme de systèmes et structures issus de processus mentaux que par la réécoute incessante de leurs entraînements pratiques. Une musique prise sur le vif, patiemment retravaillée et ciselée, qui explore avec précision l’alternance entre souffle et oscillation, timbre et harmonie. Une démarche qui s’inscrit dans le courant des productions de jazz scandinave estampillées ECM tout en le dépassant, pour lorgner du côté de la composition contemporaine comme des possibilités ouvertes par le vocabulaire non conventionnel de l’instrumentation.
An unusual brass duo, trumpet and saxophone, creates a result that is no less surprising. The two collaborators, Espen Reinertsen and Eivind Lønning, develop their music not so much through the prism of systems and structures originating in mental processes, but through a process of perpetual relistening to their practical training. This is music captured on the spot, patiently reworked and chiseled, exploring with precision the alternation between breath and oscillation, timbre and harmony. This is music that belongs within the movement of ECM-style Scandinavian jazz and yet moves beyond it, casting a sidelong glance at contemporary composition as well as at the opportunities made possible by the unconventional vocabulary of the instrumentation.
> JEAN-PHILIPPE GROSS / AXEL DÖRNER (FR, DE)
Avec : Axel Dörner (trompette), Jean-Philippe Gross (électronique)
Jean-Philippe Gross est autodidacte ; Axel Dörner renouvelle le langage de la trompette. Le premier s’est employé à définir de nouveaux motifs sonores à travers un dispositif de micro-studio qu’il utilise pour générer et modeler le fameux effet larsen. Le second a servi de phare à toute une génération de têtes chercheuses lasses des cases et étiquettes dans lesquelles elles étouffaient. Leur rencontre ne pouvait que déboucher sur une amplitude sonore énorme : vrombissements et drones, tôles ondulées et souffles, crépitements de matières organiques et pépiements électroniques, bruits – blanc ou brun – tantôt abrasifs, tantôt langoureux. Une exploration sans compromis ni fioritures qui relègue la suavité des cuivres aux affres de l’électronique.
Jean-Philippe Gross is self-taught ; Axel Dörner is reinventing the language of the trumpet. The former set out to define new sound patterns through a micro-studio apparatus that he uses to generate and model the well-known Larsen effect. The latter has been the leading light of an entire generation of heatseekers who have grown tired of the labels and boxes that they found suffocating. A meeting between the two couldn’t help but lead to an incredible sonic amplitude : hums and drones, corrugated metal and whistles, the crackling of organic materials and electronic chirps, and noises – whether white or brown – that alternate between abrasiveness and languor. An uncompromising, unembellished exploration that gives the pangs of electronic instruments priority over the smoothness of brass.
Noumatrouff – Mulhouse – France
22 août 2018 21:00 – 23:55
3 concerts : MICHIYO YAGI SOLO + AHMED + NIMMERSATT feat. JON ROSE
> MICHIYO YAGI SOLO (JP)
Avec : Michiyo Yagi (koto, voix)
Michiyo Yagi a étudié le koto (harpe horizontale japonaise) avec les maîtres Tadao Sawai et Kazue Sawai au sein de la prestigieuse NHK, école de musique traditionnelle. Au cours d’un voyage d’études à l’université Wesleyan aux États-Unis, elle créa de nombreuses compositions modernes pour son instrument sous l’influence de compositeurs américains non-conformistes tels que John Cage, Christian Wolff, Conlon Nancarrow et John Zorn. Pour ce dernier, elle signa plus tard sur Tzadik un mémorable album solo retraçant ce parcours esthétique. En intégrant les techniques étendues européennes aux nouvelles règles imaginées en Amérique, Michiyo Yagi entreprend sans fard la modernisation d’un instrument ancestral pour nous offrir des ballades (en)chantées.
Michiyo Yagi studied the koto (Japanese horizontal harp) with master teachers Tadao Sawai and Kazue Sawai at the prestigious NHK school of traditional music. During a tenure at Wesleyan University in the United States, she wrote a number of modern compositions for her instrument, influenced by non-conformist American composers like John Cage, Christian Wolff, Conlon Nancarrow, and John Zorn, for whom she later made a memorable solo album on the Tzadik label, recounting this aesthetic journey. Integrating European extended techniques with new rules thought up in America, Michiyo Yagi is openly undertaking the modernization of an ancestral instrument, offering us (en)chanted ballades.
> AHMED (FR, GB, SE)
Avec : Pat Thomas (piano), Joel Grip (contrebasse), Seymour Wright (saxophone), Antonin Gerbal (batterie)
Ce quartet prend comme prétexte l’œuvre musicale d’Ahmed Abdul-Malik, compositeur, contrebassiste et pédagogue new-yorkais qui fut dans l’ombre du Coltrane spirituel. Imprégné de soufisme, il tenta une synthèse philosophique et esthétique reliant Occident et Orient par le truchement de l’Islam africain. Sorte de Sun Ra transculturel, plus proche des humains que des habitants d’outre-monde, Malik offre aux membres du quartet l’ambition de visiter et (re)penser ses compositions pour en faire surgir de nouvelles potentialités. Les musiciens utilisent chaque thème comme des véhicules qui déplacent leurs imaginaires et redéfinissent leurs approches instrumentales. Une étonnante plongée dans le futur antérieur, celui déjà advenu.
This quartet takes inspiration from the musical works of Ahmed Abdul-Malik, the New York-based composer, bass player, and teacher who lived in the shadow of the brilliant Coltrane. Immersed in Sufism, he attempted a philosophical and aesthetic synthesis using African Islam as a means to link East and West. A kind of transcultural Sun Ra, closer to humans than to the inhabitants of the great beyond, Malik inspired the musicians in this quartet to visit and (re)think his compositions to bring new possibilities to light. The musicians use each theme as a vehicle to move their imaginations and redefine their instrumental approaches. An astonishing dive into the future perfect – a future that has already happened.
> NIMMERSATT feat. JON ROSE (BE, GB, AU)
Avec : Daan Vandewalle (piano, orgue hammond), Chris Cutler (batterie), John Greaves (contrebasse), Jon Rose (violon)
Daan Vandewalle a proposé ces dernières années des interprétations remarquées parmi les œuvres les plus exigeantes de la musique contemporaine, dont Inner Cities d’Alvin Curran. C’est pour explorer les terrains de la composition et de la direction qu’il fonde Nimmersatt, avec la volonté de décentrer la musique savante de l’écriture vers plus de spontanéité. Pourtant, les esprits chagrins seront bien en peine d’y voir une éternelle copie des prédécesseurs historiques arpentant de telles voies. Secondé par la rythmique de Henry Cow et renforcé par le trublion Jon Rose, Nimmersatt dégage bien un certain esprit rock : rugosité et refus de toute complaisance qui préside à ce genre, avec en prime la garantie d’être 100 % exécutée sans solistes !
23 août 2018 17:30 – 19:30
2 concerts : DUO SOFIA JERNBERG & METTE RASMUSSEN + NICOLE MITCHELL SOLO
> SOFIA JERNBERG & METTE RASMUSSEN (SE, DK)
Avec : Sofia Jernberg (voix), Mette Rasmussen (saxophone)
Forte de son parcours qui l’a menée de son Éthiopie natale en Suède, Sofia Jernberg a un temps d’avance dans sa pratique vocale, elle qui déconcerte l’avant-garde en résolvant la plus grande équation à laquelle cette dernière se frotte : comment faire de la musique difficile qui sonne juste ? Jernberg s’approprie une mélodie de la composition atonale ou de l’improvisation libre, pour la triturer, la malaxer avant de la régurgiter décomplexée. La suite voit Mette Rasmussen épouser ces contours vocaux et prendre le contre-pied de ses accès explosifs auxquels elle a habitué le public. Au fil du temps, voix humaine et souffle cuivré se confondent, indiscernables, pour finir par créer une atmosphère d’un genre nouveau, charnelle et équilibrée.
Drawing from the journey that led her from her native Ethiopia to Sweden, Sofia Jernberg is ahead of the curve in her vocal practice, unsettling the avant-garde by solving the greatest problem that it faces : How does one make difficult music that sounds right ? Jernberg will take a melody from atonal composition or free improvisation, then twist and knead it before regurgitating it in an uninhibited form. Then, Mette Rasmussen will follow these vocal contours and take the opposite stance, with one of the explosive entrances that the audience associates with her. Over time, the human voice and the brassy resonance merge, indiscernible from one another, finally creating an atmosphere of a new, sensual, balanced genre.
> NICOLE MITCHELL SOLO (US)
Avec : Nicole Mitchell (flûtes)
« Mon projet, en un sens, est de me rebeller contre mon propre confort musical et d’explorer ce qui va contre lui » livre Nicole Mitchell. Une quête obstinée de la recherche dans l’inconfort d’une nouvelle voix personnelle pousse la musique de Mitchell dans ses retranchements. Le doux souffle de sa flûte s’entrechoque au tumulte de la matière en mouvement. Haletante, la mélodie se heurte au silence, le tempo trébuche, les timbres s’exaspèrent et s’emballent successivement. La musicienne joue sur les dynamiques, alterne acmés et calmes retrouvés, tout en traversant le matériau protéiforme de la Great Black Music (gospel, bebop, funk, musique cosmique de Sun Ra) qui agit ici comme garde-fou bienveillant.
“My intention, in one sense, is to rebel against my own musical comfort and explore what goes against it,” reveals Nicole Mitchell. A relentless quest for the discomfort of a new personal voice is pushing Mitchell’s music into a corner. The gentle breath of her flute clashes with the tumult of material in motion. Gasping, the melody collides with silence ; the tempo stumbles ; the timbres are by turns frustrated and running wild. The musician plays with dynamics, alternating great heights with moments of rediscovered tranquility, all while spanning the protean material of Great Black Music (gospel, bebop, funk, the cosmic music of Sun Ra), which acts here as a benevolent guardrail.
Noumatrouff – Mulhouse – France
23 août 2018 21:00 – 23:55
3 concerts : SYSTEME FRICHE + DUO MICHIYO YAGI & TONY BUCK + SENYAWA
> SYSTEME FRICHE "LE CHANT DES PISTES" (FR, AT)
Avec : Xavier Charles (direction artistique, clarinette, basse), Jacques Di Donato (direction artistique, clarinette, saxophone, batterie), Félicie Bazelaire (violoncelle, contrebasse), Jean-Luc Cappozzo (trompette), Benjamin Duboc (contrebasse), Isabelle Duthoit (clarinette, voix), eRikM (platines, électronique), Franz Hautzinger (trompette), Simon Henocq (guitare, électronique), Soizic Lebrat (violoncelle), Bruno Maurice (accordéon), Roméro Monteiro (batterie, percussions), Nicolas Nageotte (saxophones, clarinette), Alfred Spirli (percussions, objets préparés), Thierry Wainiack (batterie)
« L’écoute du monde est un monde aussi vaste que le monde lui-même », ainsi parle Xavier Charles, première clarinette à porter ce système loin d’être en friche, quoiqu’en pause depuis trop longtemps. Une sentence que ne renierait pas Jacques Di Donato, deuxième clarinette et partenaire de Charles, qui œuvre en poète pragmatique : ne jamais perdre de vue (d’écoute ?) la musique en train de se faire et être attentif au monde, puis aux autres, enfin à soi-même. Les deux entraînent quelques personnalités du jazz et de l’improvisation libre à étendre les territoires sonores, explorer matières et formes, pour s’accorder la liberté de chercher une musique éphémère, fragile et sans preuves, dense et poétique, qui ne se livre que dans l’instant. Une friche qui pourrait bien finir par faire système…
> MICHIYO YAGI / TONY BUCK (JP, AU)
Avec : Michiyo Yagi (koto, voix, électronique), Tony Buck (batterie)
Michiyo Yagi est une des premières maîtres koto à avoir exporté son instrument au-delà des frontières du Japon, non pas pour en proposer une vision folklorique, mais avec l’intention de l’intégrer dans l’instrumentation occidentale. Collaboratrice régulière du downtown new-yorkais, protégée de John Zorn dans un premier temps, elle a depuis brûlé les planches en compagnie de la bouillonnante scène scandinave (Ingebrigt Håker Flaten, Paal Nilssen-Love, Lasse Marhaug) et celle de Wels lors de la carte blanche de Peter Brötzmann. Toujours en quête de découverte à même de stimuler son jeu, elle se produira ce soir avec Tony Buck pour un duo inédit qui s’inscrit dans la tradition festivalière de l’improvisation libre, sans filets ni faux-semblants.
> SENYAWA (ID)
Avec : Rully Shabara (voix), Wukir Suryadi (bambuwukir)
Le dernier concert du soir est un peu fait pour se lâcher, mais c’est surtout le lieu et le moment pour les découvertes les plus extravagantes. Rully Shabara est connu en Indonésie comme le leader du groupe de rock expérimental Zoo. Sa rencontre avec Wukir Suryadi, qui puise son inspiration dans la lutherie javanaise, le porte doucement à affiner son intérêt pour la musique traditionnelle. Inversement, Wukir découvre les abrasions de la noise, les désaccords du post-« ce qu’on voudra », la liberté de ton du punk. Ensemble, le premier au chant, le second sur un instrument à cordes en bambou, amplifié ou non, avec pédales à distorsions ou comme percussion, ils créent une puissante musique tribale contemporaine, tonitruante et inclassable.
La Filature – Mulhouse – France
24 août 2018 18:30 – 19:30
1 Concert : SPLITTER ORCHESTER & JEAN-LUC GUIONNET "Vollbild" - composition de Jean-Luc Guionnet + Orchestre de 24 musiciens
> SPLITTER ORCHESTER & JEAN-LUC GUIONNET "Vollbild" (FR, DE, AU, NO, GB, IL, MX, US, BG, IT) - résidence de création Météo 2018
Avec : Jean-Luc Guionnet (composition), Liz Allbee (trompette), Boris Baltschun (électronique), Burkhard Beins (percussions), Anthea Caddy (violoncelle), Axel Dörner (trompette), Kai Fagaschinski (clarinette), Robin Hayward (tuba), Steve Heather (percussions), Anat Cohavi (saxophone, clarinette), Mario de Vega (objets, électronique), Chris Heenan (contrebasse), Magda Mayas (clavinet), Mike Majkowski (contrebasse), Matthias Müller (trombone), Andrea Neumann (cadre de piano), Morten J. Olsen (percussions), Simon J. Phillips (piano), Julia Reidy (guitare), Ignaz Schick (électronique), Michael Thieke (clarinette), Clayton Thomas (contrebasse), Sabine Vogel (flûtes), Biliana Voutchkova (violon), Marta Zapparoli (électronique)
Une pièce de Jean-Luc Guionnet pour le Splitter Orchester conçue comme un mille-feuilles, et autant d’entrées. Vollbild procède par analogie avec les peintures de grotesque de la Renaissance. Sous des dehors délirants peut se trouver une forte rationalité où lignes et symétrie apportent une cohérence à l’ensemble, même si elles génèrent une impression de fausseté. Vollbild fait le pari qu’en musique, quelque chose de cette sorte est possible, en prenant ces équilibres et ces façons de faire pour se construire. Musique inspirée, donc, par du visuel, pourtant, rien de plus à voir pour autant ! Si la construction de cette pièce est d’abord spatiale, sa perception (son écoute) reste acousmatique — une écoute dans et de l’espace !
This piece by Jean-Luc Guionnet for the Splitter Orchester is designed like a mille-feuille pastry, with as many points of entry as layers. Vollbild is styled after Renaissance paintings of the grotesque. Beneath an exuberant surface lies a strong sense of rationality, in which lines and symmetry bring coherence to the whole, even if they create an impression of falseness. Vollbild wagers that something like this is possible in music, using these equilibriums and these ways of being as building blocks. It is, then, music inspired by visuals – and yet there is nothing to see ! While the construction of this piece may first and foremost be spatial, the perception of it (the act of listening to it) remains acousmatic : listening in and from space !
Noumatrouff – Mulhouse – France
24 août 2018 21:00 – 23:55
3 concerts : DUO CHARLES HAYWARD & TONY BUCK + A PRIDE OF LIONS + SONS OF KEMET
> CHARLES HAYWARD & TONY BUCK (GB, AU)
Avec : Charles Hayward (batterie, percussions), Tony Buck (batterie, percussions)
Une rencontre inédite que l’on n’hésitera pas à qualifier de séminale. Déjà parce que Charles Hayward officiait dans This Heat, et l’on sait tout ce que la scène free actuelle dans sa veine énervée doit à la formation anglaise, tandis que Tony Buck mène toujours le trio The Necks qui, en plus d’avoir fait forte impression ici même l’an passé, reste une indéniable référence en matière d’innovation. Ensuite, car le très scandé, métronomique, incantatoire jeu du premier se frottera et s’entrechoquera tour à tour aux explorations du timbre, aux ritournelles de tons soutenus et aux fulgurances spontanées du second. Un duo tout en contradictions, cherchant sans cesse à résorber le grand écart qui, soi-disant, les sépare.
> A PRIDE OF LIONS (FR, US)
Avec : Daunik Lazro (saxophone), Joe McPhee (saxophone, trompette de poche), Guillaume Séguron (contrebasse), Joshua Abrams (contrebasse, guembri), Chad Taylor (batterie, mbira)
Joe McPhee et Daunik Lazro vagabondent depuis si longtemps dans l’histoire des musiques improvisées qu’ils en sont à la fois les héritiers et les fossoyeurs. Fruit d’accointances régulières, débarrassés qu’ils sont du souci d’innover, le quintette qu’ils mènent traîne son vocabulaire musical sur une grille dont chaque musicien n’a même plus à s’entretenir au préalable. Appuyé par une section rythmique américaine habituée à naviguer entre free-jazz de Chicago et scène downtown new-yorkaise, ici renforcée par une seconde contrebasse, le duo de cuivres ne pourra que s’en donner à cœur joie. Quelque part entre musique free des années 1970, post-rock des années 1990 et une « nouvelle chose » en perpétuelle redéfinition pour les années 2010.
> SONS OF KEMET (GB)
Avec : Shabaka Hutchings (saxophone), Theon Cross (tuba), Eddie Hick (batterie), Tom Skinner (batterie)
Au cours des décennies 1960-1970, Cheikh Anta Diop présentait ses thèses audacieuses sur l’Égypte antique noire comme un pied de nez à toute l’égyptologie qui s’est constituée depuis la fin du XIXe siècle à partir des nations coloniales d’Europe. Shabaka Hutchings embrasse cette audace, la fait sienne, et nous donne à entendre l’inouï : une formation atypique, sorte de brass band miniature survitaminé qui fait feu de tout bois. Great Black Music, free jubilatoire, attitude rock, aller-retour entre Égypte et Éthiopie, La Nouvelle-Orléans et l’espace galactique de (encore ! et toujours…) Sun Ra. Une formation qui prend un malin plaisir à voir s’articuler nos corps sous les coups de leurs harmoniques.
La Filature – Mulhouse – France
25 août 2018 18:30 – 19:30
1 Concert : SPLITTER ORCHESTER - composition collective Orchestre de 24 musiciens
> SPLITTER ORCHESTER (DE, AU, NO, GB, IL, MX, US, BG, IT) - création collective
Avec : Liz Allbee (trompette), Boris Baltschun (électronique), Burkhard Beins (percussions), Anthea Caddy (violoncelle), Axel Dörner (trompette), Kai Fagaschinski (clarinette), Robin Hayward (tuba), Steve Heather (percussions), Anat Cohavi (saxophone, clarinette), Mario de Vega (objets, électronique), Chris Heenan (contrebasse), Magda Mayas (clavinet), Mike Majkowski (contrebasse), Matthias Müller (trombone), Andrea Neumann (cadre de piano), Morten J. Olsen (percussions), Simon J. Phillips (piano), Julia Reidy (guitare), Ignaz Schick (électronique), Michael Thieke (clarinette), Clayton Thomas (contrebasse), Sabine Vogel (flûtes), Biliana Voutchkova (violon), Marta Zapparoli (électronique)
Fondé en avril 2010 par Clare Cooper, Clayton Thomas et Gregor Hotz comme synergie des diverses tendances à l’œuvre au sein de la scène berlinoise de l’« Echtzeitmusik », cet orchestre offre à ses 24 musiciens actuels une plate-forme unique pour l’échange stylistique, esthétique et intellectuel. Une émulsion qui se retrouve sur scène, où chacun reste autonome en refusant délibérément toute direction, mais où tout le monde doit pouvoir compter sur les autres en vue d’expérimenter au sein d’un champ orienté sur des processus et procédés. Habitué des résidences comme des commandes, le Splitter a acquis aujourd’hui une véritable signature sonore, d’où se dégage, en filigrane, un condensé des cinquante dernières années de recherches musicales.
Founded in April 2010 by Clare Cooper, Clayton Thomas, and Gregor Hotz as a collaboration among the diverse trends in the Berlin “Echtzeitmusik” scene, this orchestra offers its 24 current musicians a unique platform for stylistic, aesthetic, and intellectual exchange. What we find on stage is an emulsion, one in which each individual maintains autonomy by deliberately refusing any and all direction, but in which everyone can count on the others with a view to experimenting within a field of play oriented toward processes and procedures. Equally accustomed to residencies and to commissions, the Splitter has by now acquired a true signature sound, from which a summary of the last 50 years of musical experimentations implicitly emerges.
Noumatrouff – Mulhouse – France
25 août 2018 21:00 – 23:55
2 concerts : PETER EVANS ENSEMBLE + THIS IS NOT THIS HEAT
> PETER EVANS ENSEMBLE (US)
Avec : Peter Evans (trompette, composition), Mazz Swift (violon, voix), Tom Blancarte (contrebasse), Sam Pluta (électronique), Jim Black (batterie)
Poussant l’expérimentation toujours plus loin, le jeu de Peter Evans brasse avec une aisance déconcertante tonalités de vocalises abstraites, notes limpides, violentes et sensuelles, drones enveloppants. Une approche qu’il confronte toujours au réel, en multipliant les collaborateurs, quelque part entre musiques nouvelles, improvisées, expérimentales, libres, bref ce joli fourre-tout d’où émergent parfois des personnalités talentueuses sans que cela soit la peine de les étiqueter. Pour cet ensemble, il fait un usage intensif de l’électronique qui démultiplie la stéréo électroacoustique en un orchestre multidimensionnel à même de dépasser là aussi, les genres pour proposer une musique propre au XXIe siècle. Ni plus ni moins.
Pushing experimentation ever further, Peter Evans’s playing mixes abstract vocalise tones ; limpid, violent, and sensual notes ; and enveloping drones, all with disconcerting ease. It’s an approach that he always brings face to face with reality, continually adding collaborators from somewhere in new, improvised, experimental, and free music – in short, a lovely hodgepodge from which talented personalities sometimes emerge but remain unlabeled. For this ensemble, he is making intensive use of electronics, augmenting the electroacoustic stereo in a multidimensional orchestra that is itself capable of moving beyond genre and offering a music that belongs solely to the 21st century. No more, no less.
> THIS IS NOT THIS HEAT (GB)
Avec : Charles Bullen (guitare, voix), Charles Hayward (batterie, voix), Frank Byng (batterie), Daniel O'Sullivan (claviers, basse, voix), Alex Ward (guitare, clarinette), James Sedwards (guitare, voix)
This Heat est ce qu’il est convenu d’appeler un groupe culte. Comme souvent, le culte n’est presque jamais contemporain des faits, mais plutôt postérieur. D’où l’engouement général des sphères rock, free, expérimental, punk à l’annonce d’un retour du groupe 40 ans, jour pour jour, après lesdits faits. Une fois n’est pas coutume, cette unanimité est plus que méritée. Ce n’est toutefois pas un bête come-back de rock stars fatigués (ils ne l’ont jamais été) qu’osent les deux survivants du trio, qui ne cèdent pas à la tentation commode de muséifier leur répertoire, mais bien le prolongement d’un état d’esprit et la façon de concevoir une musique hybride et sans pareille. Puisqu’on vous le dit : ce n’est pas This Heat !
This Heat is what one might call a group with a cult following. As is so often the case, that cult status is hardly ever contemporaneous, but comes along later. Hence the general enthusiasm in the worlds of rock, free jazz, experimental music, and punk at the announcement of the group’s revival, 40 years to the day after its prime. And for once, that unanimity is richly deserved. What the two survivors of the original trio are undertaking, however, is not merely a silly comeback by tired old rock stars (something they never were to begin with) ; they are not giving way to the convenient temptation to museumify their repertoire, but instead are extending a certain state of mind and a way of creating a hybrid, unique style of music. Like they said : This is not This Heat!
21.08.2018 - Office de Tourisme - 18:00 (entrée libre)
Vincent Posty basse, Cécile Thévenot piano, Benoit Kilian batterie.
Depuis trois ans, le festival Météo donne carte blanche pour un concert à un musicien membre du collectif PILS, fondé à Strasbourg en 2013, dans le but de promouvoir les musiques improvisées et expérimentales. C’est l’un des membres fondateurs du collectif, le bassiste Vincent Posty que nous invitons cette fois-ci. Formé au conservatoire de Strasbourg dans la classe des musiques improvisées, Vincent Posty fait notamment partie depuis 2003 du groupe de klezmer rock Zakarya, dont les cinq albums ont été produits par John Zorn sur son label Tzadik.
Pour le premier concert du festival, il propose un trio d’improvisation en compagnie de la pianiste Cécile Thévenot et du batteur Benoit Kilian qui, tous deux, sont passés par les workshops organisés chaque année par Météo !
Du 22 au 25 août 2018 - Bibliothèque Grand'Rue - Entrée libre (durée : 15-20 mn)
Jean-Luc Cappozzo trompette, Jacques Di Donato clarinette, Joel Grip contrebasse, Julia Reidy guitare.
En coréalisation avec la Bibliothèque municipale de Mulhouse
Depuis quelques années maintenant, Météo et la bibliothèque municipale de Mulhouse présentent une série de concerts à destination des enfants (mais ouverts à tous les publics) pendant le festival. Nous pensons qu’il n’y a que peu de barrières pour eux dans l’approche de la musique et du son. Le principal obstacle réside généralement dans la longueur des concerts et la concentration qu’ils demandent. C’est pourquoi nous avons choisi de proposer à des musiciens du festival une performance en solo où le seul aménagement serait la durée, entre 15 et 20 mn. Pour le reste, il s’agit de leur musique, ni plus ni moins, ni autre chose. Un moment de musique pour petits et grands.
# Mercredi 22 août 2018 | 11h30
Jean-Luc Cappozzo, trompette
# Jeudi 23 août 2018 | 11h30
Joel Grip, contrebasse
# Vendredi 24 août 2018 | 11h30
Jacques Di Donato, clarinette
# Samedi 25 août 2018 | 11h30
Julia Reidy, guitare
Dans le patio de la bibliothèque Grand’Rue à Mulhouse
Concerts ouverts à tous – Entrée libre
22.08.2018 - Chapelle Saint-Jean - 12:30 (entrée libre)
Peter Evans trompette.
Depuis son premier solo mulhousien, Peter Evans a en une décennie concrétisé toutes les attentes – nombreuses – qui reposaient sur son souffle. Héritier des techniques étendues appliquées à la trompette par Axel Dörner, Evans en est l’un des élèves le plus attentif, mais ni le plus fidèle, et encore moins le plus sage. Poussant l’expérimentation toujours plus loin, son jeu brasse avec une aisance déconcertante tonalités de vocalises abstraites, notes limpides, violentes et sensuelles, drones enveloppants, en vue de multiplier les sources, intensifier les détails, intégrer les éléments paramusicaux et projeter une polyphonie étourdissante. Une virtuosité à couper le souffle au service d’un discours musical solide et rafraîchissant.
23.08.2018 - Chapelle Saint-Jean - 12:30 (entrée libre)
Pascal Niggenkemper contrebasse.
L’histoire comme éternel recommencement, tel pourrait être la devise du festival. Grâce à une contrebasse préparée (pinces, gong, tambourin, archet non conventionnel, piezo), à l’origine de tout un vocabulaire de sons inédits et un sens particulier du toucher, Pascal Niggenkemper est l’un des artisans majeurs du « nouveau renouveau » du langage de cet instrument. La notion de polyphonie anime sa démarche : il s’agit de façonner chaque pièce à partir des données sonores qui s’échappent de sa contrebasse. Pour en arriver là, il lui aura fallu passer par la stricte discipline du conservatoire, se frotter à la composition et la direction d’un septet, s’enrichir au cours d’un séjour prolongé à New York. Alors ne passez pas à côté.
24.08.2018 - Chapelle Saint-Jean - 12:30 (entrée libre)
Jon Rose violon, électronique.
Sous ses dehors de personnage excentrique, Jon Rose est avant tout un artiste sonore conceptuel qui réfléchit, bien avant que cela ne devienne banal, sur l’idée de frontières, tout comme un partenaire de jeu recherché et apprécié. Improvisateur accompli, il fait état d’une écriture luxuriante et fouillée pour cordes, parsemée d’excès loufoques so british qui donne tout son sel à une performance tant sonore que visuelle. Ses solos mettent en effet en œuvre la confrontation entre la machine et l’homme, entre l’informatique interactive et la virtuosité organique du violoniste, pour produire une cybernétique esthétique géniale d’apprenti sorcier. The show must go on !
24.08.2018 - Noumatrouff - 21:00
Tony Buck batterie, Charles Hayward batterie.
Une rencontre inédite que l’on n’hésitera pas à qualifier de séminale. Déjà parce que Charles Hayward officiait dans This Heat, et l’on sait tout ce que la scène free actuelle dans sa veine énervée doit à la formation anglaise, tandis que Tony Buck mène toujours le trio The Necks qui, en plus d’avoir fait forte impression ici même l’an passé, reste une indéniable référence en matière d’innovation. Ensuite, car le très scandé, métronomique, incantatoire jeu du premier se frottera et s’entr echoquera tour à tour aux explorations du timbre, aux ritournelles de tons soutenus et aux fulgurances spontanées du second. Un duo tout en contradictions, cherchant sans cesse à résorber le grand écart qui, soi-disant, les sépare.