R.I.P. 2013 : Zbigniew Karkowski - Akifumi Nakajima(Aube)- Bernard Parmegiani - Lou Reed
Zbigniew Karkowski :
Zbigniew Karkowski, né le 14 mars 1958 à Cracovie (Pologne) et mort le 12 décembre 2013 au Pérou d'un cancer du pancréas, est un compositeur et musicien expérimental de renommée internationale.
Biographie
Il s'est produit professionnellement depuis les années 1980 dans le cadre des musiques contemporaine, industrielle, noise ou expérimentale. Il a étudié la composition à l’École nationale de musique à Göteborg, en Suède, l’esthétique de la musique moderne à l’université du département de musicologie de Göteborg, et l’informatique musicale à l’Université de technologie Chalmers. Après avoir terminé ses études en Suède, il a étudié la sonologie pendant un an au Conservatoire Royal de Musique de Den Haag, Pays-Bas. Pendant ses études, il a également participé à de nombreux cours de maîtres d’été organisés par le Centre Acanthes à Avignon et Aix-en-Provence, en étudiant avec Iannis Xenakis, Olivier Messiaen, Pierre Boulez et Georges Aperghis, entre autres. Il a travaillé activement en tant que compositeur de musique à la fois acoustique et électroacoustique. Il a écrit des pièces pour grand orchestre (commandées et interprétées par l’Orchestre symphonique de Göteborg), ainsi qu’un opéra et plusieurs pièces de musique de chambre qui ont été interprétées par des formations professionnelles en Suède, en Pologne et en Allemagne. Il a vécu et travaillé à Tokyo, au Japon au cours des dernières années de sa vie, et y a été actif dans la scène noise underground.
Ses travaux ont été présentés dans plus de 30 pays en Europe, en Amérique du Nord, en Australie et au Japon.
Il a collaboré avec de très nombreux artistes, dont Blixa Bargeld (The Execution Of Precious Memories en 1995), Merzbow (sous le nom MAZK, depuis 1999), Kasper T. Toeplitz (sous le nom Le Dépeupleur, depuis 1999), ou dans le groupe Sensorband (avec Atau Tanaka et Edwin van der Heide).
Akifumi Nakajima :
Aube (1959 – 25.09.2013) was the name used by Japanese musician Akifumi Nakajima (中嶋昭文 Nakajima Akifumi?) for his experimental noise records. He had released many CDs, LPs and cassettes since 1991, and was regarded as one of the most important noise musicians working of his time. He did not like to term his work "music," preferring the term "design": "I don't think of myself as a musician or an artist. I'm a designer. I therefore consider my sound works to be designs as well".[1] The essential element of his Aube project is that each record is composed with only a single material source, manipulated and processed using various types of electronic equipment. Examples of sources he has manipulated include water, fluorescent lamps, voltage-controlled oscillators, voices, pulmonary sounds, the Holy Bible's pages and sounds made with steel wire.
Biography
Akifumi Nakajima was born in 1959 in Japan. He was interested in sound work since the 80s, but had not released anything until he was asked to create music for an art installation in the early 90s. Since then, he has created an enormous amount of work - most of which is based on one sound source. Anything is used - from glass to oscillators and even pages from the Bible. His early work was noisier, while his new direction leaned toward ambient.
Music
As stated previously, each recording in Aube's catalogue is synthesized from one source sound. Many of his earliest recordings use water as a source, in either a still form or a gush, as from a faucet or a stream. Among the most well-known are Hydrophobia (1991, Vanilla, Japan), Luminous (1993, G.R.O.S.S., Japan), Métal De Métal (1996, Manifold, USA), Cardiac Strain (1997, Alien8 Recordings, Canada), Set On (2001, Manifold, USA) and many more.
Death
On 9th December 2013, it was discovered by Eric Lanzillotta, a friend of his, that Akifumi had passed away on 25th September 2013. In memory of him, Eric shared a live recording of a collaboration between him and Akifumi on Soundcloud, which was recorded in 2004.
Collaborations
Several compilation CDs are of note in Aube's History. Most notable, perhaps, is the Come Again compilation, released in 1991 on Vanilla Records, which contains one of the first tracks recorded under the Aube moniker. Later compilations of note include Come Again II (1993, Vanilla/Furnace, Japan/USA), The Japanese/American Noise Treaty (1995, Relapse, USA), and Ant-Hology (1998, Ant-Zen, Germany).
Akifumi Nakajima also formed many collaboration projects with other Japanoise artists. They are as follows; Club Skull with Hiroshi Hasegawa of C.C.C.C. & Fumio Kosakai of Incapacitants. SIAN with Shohei Iwasaki of Monde Bruits. Kinkakuji with Maso Yamazaki of Masonna. Ginkakuji with Hiroshi Hasegawa of C.C.C.C.. Gokurakuji' with Maso Yamazaki of Masonna & Hiroshi Hasegawa of C.C.C.C.. Loop Circuit with Dub Murashita of Dubwise. Hyper Ventilation with Dub Murashita of Dubwise. Meiji Jingu with Kohei Gomi of Pain Jerk. Ise Jingu with Masahiko Ohno of Solmania. Heian Jingu with Toshiji Mikawa of Incapacitants, and Atsuta Jingu with Kohei Gomi of Pain Jerk, Masahiko Ohno of Solmania & Toshiji Mikawa of Incapacitants. Recently he cooperated with the Italian experimental artist Maurizio Bianchi for two projects titled "Junkyo" (Noctovision) and "Mectpyo Saisei" (Para Disc).
Bernard Parmegiani :
Le compositeur Bernard Parmegiani, mort le 21 novembre 2013 à Paris, était un membre historique du Groupe de recherches musicales (GRM), créé en 1958 par Pierre Schaeffer pour former les "missi dominici" de la musique concrète. Il a livré quelques opus de référence dans ce domaine sans toutefois passer pour l'archétype du compositeur en activité dans la "Maison ronde" (le bâtiment de la Maison de la radio a longtemps abrité les studios du GRM). Comme les bandes magnétiques qu'il manipulait en virtuose, sa vie a largement relevé du multipiste.
Une moustache à la Jacques Legras (l'acteur fétiche des Branquignols), prolongée avec l'âge par une barbe ondulée et fournie, comme les sourcils remontant vers un crâne très tôt dégarni, un front naturellement plissé et une bouche instinctivement fermée : tout indiquait dans le visage de Bernard Parmegiani que le regard était la clef de l'homme et donc de sa musique. Une œuvre en donna confirmation dès 1970 avec un titre singulier, à l'image paradoxale de l'homme : L'œil écoute.
Né le 27 octobre 1927 à Paris, Bernard Parmegiani grandit dans une maison où le piano donne le ton (et le pain) quotidien. Le futur compositeur tâte nonchalamment du clavier jusqu'à ce que le service militaire, effectué au Service cinématographique des armées, lui offre un métier : preneur de son. Cette activité de "perchman" pour les besoins d'un film (à la télévision où il trouve un emploi) est bientôt suivie d'une expérience équivalente dans le domaine radiophonique.
En 1959, Pierre Schaeffer le recrute comme assistant opérateur et le pousse à effectuer le stage de formation des compositeurs de la "seconde génération" du GRM. D'un côté, "Parme" – comme on l'appelle dans le milieu – assiste Luc Ferrari ou Iannis Xenakis dans leurs productions de musique concrète. De l'autre, il participe à l'aventure du Concert collectif, donné en 1963 par onze membres du GRM. Il reste pourtant un solitaire dans l'âme, ne se reconnaît pas de modèles et n'applique aucun système. Sa vie est son école.
Entre 1955 et 1959, il prend des cours de mime et s'investit dans des exercices de métamorphose gestuelle qui lui inspireront certaines approches de la composition. Patamorphoses (1960), sa première œuvre inscrite au répertoire du GRM, est une musique de film, tout comme les trois suivantes dont Phonosophobe (1962) bande-son d'une action mimée.
Bernard Parmegiani utilise rarement les instruments mais, en 1964, il signe une œuvre – Violostries – avec le violoniste Devy Erlih. S'il se méfie des théories musicales, le compositeur se laisse prendre par les thèses du philosophe Gaston Bachelard et les pratiques des surréalistes (photomontages) mais il est avant tout sensible au son et aux outils qui lui permettent de l'aborder en pionnier.
Ainsi son nom reste-t-il attaché à quelques "premières". Jazzex (1966) : première œuvre pour bande enregistrée et instrumentistes de jazz en direct. L'instant mobile (1966) : première œuvre du GRM entièrement électronique. L'œil écoute (1970) : première utilisation du synthétiseur analogique du GRM. Kaléidophone (1978) : première utilisation musicale du magnétophone 8 pistes.
Bernard Parmegiani a travaillé avec des cinéastes, des instrumentistes et des chorégraphes pour donner corps à des projets qui invitent à une réflexion sur la société. A preuve, ce constat à l'origine de L'œil écoute : "Peut-être qu'à trop regarder l'homme finit par ne plus écouter. Et l'œil, devenu “le promeneur solitaire” n'a d'oreilles que pour ce qui l'agresse."
Deux œuvres des années 1970 sont à même de résumer sa personnalité créatrice. De natura sonorum, polyptyque encensé par les amateurs de musique sur support, et l'indicatif de l'aéroport Charles-de-Gaulle à Roissy, trois secondes de sons électroniques qui s'envolent comme un avion. Diffusé in situ de 1971 à 2005, ce sonal a sans doute battu tous les records d'audience en musique contemporaine. Une autre de ses œuvres est connue du grand public sans que celui-ci sache le nom de son auteur : l'indicatif de l'émission Stade 2.
Lou Reed :
Lou Reed (2 mars 1942 à Brooklyn, New York - 27 octobre 2013 à Southampton, Long Island, New York) est un auteur-compositeur-interprète américain qui a commencé sa carrière avec le groupe The Velvet Underground.
Il en était le guitariste, l'un des chanteurs et a composé nombre de titres restés populaires même après la séparation du groupe en 1970. Le Velvet Underground a influencé plusieurs générations de compositeurs, bien que n'ayant connu que peu de succès commercial dans les années 60.
On attribue à Brian Eno la remarque selon laquelle si juste quelques milliers de fans achetèrent le premier disque du Velvet Underground, chacun d'entre eux créa un groupe. C'est en cela que Lou Reed et le Velvet Underground restent aussi légendaires malgré la quasi-inexistence de tubes, contrairement aux autres groupes influents de cette époque. Lou Reed fait partie des icônes du rock même si son succès commercial fut moindre que celui d'autres artistes qui ont forgé l'histoire du rock comme Bob Dylan, Bruce Springsteen, Neil Young ou David Bowie. Ses textes et sa musique ont beau être percutants, leur noirceur (qui atteint son apogée dans l'album Berlin) ne lui apporte aucun succès commercial. La voix en parlé-chanté est une autre « marque de fabrique » de Lou Reed.
Lou Reed, « prince de la nuit et des angoisses », obtint en solo un réel succès commercial avec le titre Walk on the Wild Side.
Jeunesse
Lewis Alan Reed naît dans le quartier de Brooklyn à New York. Lou Reed est le fils de Sidney George Reed, un comptable effacé de Manhattan qui a fait changer son nom, Rabinowitz, en Reed, et de Toby Futterman Reed, une mère à la forte personnalité de Brooklyn. Tous deux juifs new-yorkais, ils vivent à Freeport, Long Island, en banlieue de New York. Lou étudie le piano dès l’âge de cinq ans. Mais il se passionne pour le rock and roll, le doo-wop, la littérature, le modern jazz et le free jazz en particulier (Don Cherry et Ornette Coleman, notamment) et préfère la guitare, qu'il apprend en copiant les disques de sa collection. En 1958, il coécrit et enregistre en tant que guitariste un 45 tour So Blue dans le style doo-wop au sein d'un groupe initialement appelé The Shades rebaptisé The Jades par la suite.
À l’âge de 17 ans, il subit un traitement par électrochocs (proposées à ses parents par un psychiatre) afin de le « guérir » de ses tendances homosexuelles. Cette expérience dévastatrice sera évoquée dans la chanson Kill Your Sons en 1975. Il commence à consommer des médicaments rendant très dépendant, et cherche à exprimer son traumatisme par des textes d'une grande radicalité : violence, provocation, insolite, réalisme cru, modernité. Il fera d'ailleurs souvent usage, lors de sa carrière, de ces termes crus, durs et choquants.
À l'université de Syracuse, il suit les cours d’écriture créative de Delmore Schwartz, poète et enseignant de littérature classique, qui l’encourage à écrire et l'influence beaucoup. Il y rencontre Shelley Albin, avec laquelle il aura une liaison de deux ans. Elle devient pour Lou Reed, qui l'idéalise, une grande source d'inspiration, même après leur séparation.
Pickwick
Après l'université, il travaille en 1964 pour les disques Pickwick en tant qu'auteur-compositeur, et parfois interprète. Il y produit des disques de rock imitant les différents styles à la mode pour des compilations à bas prix. Il grave "The Ostrich", une « nouvelle danse » absurde sur deux accords, où il suggère de mettre sa tête au sol et de marcher dessus avec ses propres pieds8. La chanson sera à l'origine du terme « guitare Ostrich » qui désigne un accordage de guitare avec les cordes à vide sur la même note9,10. Pour les besoins de la promotion, il cherche des musiciens compétents pour jouer sur scène et engage John Cale, un bassiste et altiste gallois de formation classique. Cale enregistre à la basse "You're Driving Me Insane" et "Cycle Annie", chantés par Lou Reed sous le nom des Beachnuts et des Roughnecks pour la compilation Soundsville.
The Velvet Underground
Article détaillé : The Velvet Underground.
John Cale, Britannique venu étudier aux États-Unis avec une bourse, évolue dans le milieu de l'avant-garde new-yorkaise et joue alors de l'alto au Theater of Eternal Music de LaMonte Young. Il cherche à innover, à choquer. Il ne prend Lou Reed au sérieux que lorsque celui-ci lui fait découvrir les paroles de ses titres personnels, et en particulier celles d'"Heroin". Le guitariste Sterling Morrison, un ami de l'université, les rejoint. Ils forment les Warlocks, jouent dans les rues avec une chanteuse, Daryl, puis en 1965 forment le Velvet Underground avec Angus MacLise aux tablas. Ils jouent souvent derrière un écran sur lequel sont projetés des films d'avant-garde à la Cinémathèque de Jonas Mekas, et contribuent ainsi à la bande-son de plusieurs films amateurs. En décembre, Maureen Tucker remplace MacLise pour un premier concert payé et organisé par Al Aronowicz.
Peu de temps après, le Velvet Underground est repéré au Café Bizarre par Brigid Polk, une cinéaste marginale qui fréquente l'atelier d'Andy Warhol, un ancien dessinateur publicitaire devenu peintre. Warhol, homosexuel timide et introverti, connaît alors une grande notoriété avec ses toiles et cherche à se diversifier. Il se rend au Café Bizarre et, avec son associé cinéaste et homme d'affaires Paul Morrissey, décide de devenir le manager du Velvet Underground, qui, fin décembre, vient répéter dans son atelier, la Factory. Le local est fréquenté par les artistes et les marginaux de l'époque. Warhol leur impose de prendre la chanteuse Nico, un mannequin allemand qui, après quelques films (entre autres La Dolce Vita de Fellini), un enregistrement avec Serge Gainsbourg en 1962 ("Strip-Tease") et un disque produit par le producteur des Rolling Stones Andrew Oldham (I'm Not Saying, 1965), a rejoint la Cour des Miracles de la Factory.
Warhol finance la production et l'enregistrement de quelques titres dans un petit studio de New York. Il organise ensuite des spectacles multimédias où il reprend le principe de jouer devant un écran de cinéma, mais en y projetant ses propres films. L'actrice Edie Sedgwick et le poète Gerard Malanga, un fouet de cuir à la main, y participent en dansant sur scène. Le technicien "lumières" invente littéralement le principe du light-show pour les besoins de l'Exploding Plastic Inevitable, qui après une série de spectacles controversés au Dom de Saint Mark's Place à Manhattan, part jouer au Trip de Los Angeles, qui sera fermé définitivement par le shérif pour "pornographie" en raison des thèmes sulfureux évoqués par le Velvet Underground : homosexualité, drogue, transsexualisme, mort. Ils marquent fortement les Doors, venus les voir jouer. Warhol finance de nouveaux enregistrements, dont la réalisation artistique est assurée par le producteur de Bob Dylan, Tom Wilson, un Afro-américain qui publie l'album sur le label de jazz dont il est directeur artistique, Verve Records.
The Velvet Underground and Nico paraît en mars 1967. Andy Warhol est l'auteur de la couverture du disque, une banane autocollante qui, quand on la décolle, révèle un fruit à la chair rose à côté de la mention "Produced by Andy Warhol". Nico y interprète trois chansons : "All Tomorrow's Parties", "Femme Fatale" et "I'll Be Your Mirror". Lou Reed utilise sur "Venus in Furs" et "All Tomorrow's Parties" son accordage Ostrich. L'album contient des compositions marquantes, comme "I'm Waiting for the Man", "Heroin", "European Son", "Sunday Morning". La réalisation, plutôt bâclée, montre que l'impulsion peut avoir plus d'importance que la finition, et sera une grande inspiration pour le mouvement punk, dont cet album est la première pierre fondatrice. L'album choque et n'a aucun succès.
Un deuxième album paraît en décembre 1967, White Light/White Heat, également ignoré à sa sortie sauf d’une poignée de fans. Le groupe atteint un des sommets de sa créativité débridée dans le morceau "Sister Ray", réalisé en une seule prise de dix-sept minutes. John Cale quitte peu après le groupe et est remplacé par Doug Yule. Ce dernier participera aux deux albums suivants du groupe : The Velvet Underground (1969) et Loaded (1970).
Avant la sortie de Loaded, Lou Reed quitte le Velvet Underground et la musique pour se retirer chez ses parents jusqu’à la fin 1971.
Carrière solo
Le producteur Richard Robinson et sa femme Lisa ("Lisa Says") persuadent Lou Reed de reprendre la musique et d’enregistrer, en Grande-Bretagne, un album, auquel participent deux musiciens du groupe Yes, Steve Howe et Rick Wakeman. Le disque s’appelle Lou Reed et paraît en 1972 chez RCA. Bien que comprenant de bonnes chansons (I Can't Stand It, Berlin et Ocean) composées à l’époque du Velvet Underground, l’album déçoit et ne rencontre pas le succès escompté.
Cependant, la même année, avec l’album Transformer, produit par le talentueux duo britannique composé de David Bowie et Mick Ronson, Lou Reed accède enfin au succès auprès du grand public avec la chanson Walk on the Wild Side, qui traite du thème de l’homosexualité et du mode de vie dans certains quartiers de New York. Il y décrit l’itinéraire de personnages new-yorkais qu’il a connus à l'époque de la Factory, qui plongent dans la déchéance à travers la prise de drogues. En produisant cet album, David Bowie rendait hommage à Lou Reed qu’il considérait comme une de ses idoles et surtout une source d’inspiration depuis les années Velvet.
L'apogée artistique de Lou Reed sans le Velvet Underground se situe entre 1972 et 1976, avec les albums Berlin (1973) et Coney Island Baby qu'il sort après l'échec fracassant de Metal Machine Music (1975), projet expérimental aujourd'hui encore considéré par beaucoup comme inaudible, mais précurseur de ce que l'on appellera plus tard la musique industrielle, et plus tard encore la noise. Sa discographie sera ensuite composée d'albums qui n’atteindront plus jamais ces hauteurs : il cherche ses repères avec des albums importants mais déroutants tels que Rock and Roll Heart en 1977, Street Hassle en 1978, puis The Blue Mask en 1982.
Plusieurs albums "live" enrichissent sa discographie, dont Rock 'n' Roll Animal, paru en 1974 et Lou Reed Live, en 1975, qui figurent parmi les meilleurs disques de live du rock, et le très amusant Take No Prisoners en 1978. En 1985, il participe à l'album Sun City contre l'Apartheid à l'initiative de Steven Van Zandt.
Il a fait l'excellent Live in London de 1998, avec des versions très intéressantes de ses premiers titres, I'll Be Your Mirror (titre provenant du premier album du Velvet Underground, chanté alors par Nico), ou encore de morceaux comme Sex With Your Parents (traitant de l'hypocrisie de certains politiques américains). Lou Reed est accompagné dans ce concert par Mike Rathke, qui lui avait insufflé ce nouvel élan avec New York, où il avait adopté le parlé-chanté.
En 1989, Lou Reed refait donc surface avec un album très réussi : New York. À travers cet album dédié à sa ville, au son brut et dépouillé, Lou Reed adopte le parlé-chanté, avec des textes engagés traitant par exemple du SIDA ("The Halloween Parade") et de l’exclusion sociale (Dirty Boulevard). Il y décrit les bas fonds new-yorkais sur une musique incisive.
En 1990, paraît un très bel album en hommage à Andy Warhol, Songs for Drella, qu'il compose et chante en compagnie de John Cale, son ancien complice du Velvet Underground. Le groupe légendaire se reforme le 15 juin 1989, le temps d’un concert inopiné lors d’une rétrospective Warhol à Jouy-en-Josas, puis en 1993 pour une série de concerts.
Ensuite, Lou Reed réalise deux albums qui sont de grandes réussites artistiques : Magic and Loss (1992), qui traite de la perte des proches, et Set the Twilight Reeling (1996), dans lequel il rappelle son attachement à New York. Enfin, l'album Ecstacy, à la langueur hypnotique, voit le jour en 2000.
En 2003 paraît The Raven, référence décadente et post-punk à Edgar Allan Poe. Il y reprend deux vieux titres (The Bed et Perfect Day), avec David Bowie chantant Hop Frog et récitant le poème The Raven (Le corbeau), d'Edgar Allan Poe). Cet album original reste très éloigné du grand public, qu'il a du mal à convaincre.
Le 20 octobre 2008, à l'occasion de la publication de l'intégrale de ses chansons, Traverser le feu, Lou Reed a lu, au 104 à Paris, plusieurs de ses textes, et a participé en public à une entrevue. La soirée a été filmée par la chaîne Arte et enregistrée par France Culture.
En 2010, il collabore avec le groupe de Damon Albarn, Gorillaz, pour le morceau Some Kind of Nature, paru sur l'album Plastic Beach et chante cette chanson au festival de Glastonbury durant l'été 2010 avec le groupe.
En juillet 2011, il participe au festival des Vieilles Charrues. Il se produit également aux Nuits de Fourvière et dédicace la chanson Femme Fatale à Amy Winehouse, morte quelques jours auparavant.
Lulu, un album enregistré avec le groupe Metallica, sort en octobre 2011.
Autres activités
Lou Reed est apparu dans le film Prozac Nation (2001) et dans Brooklyn Boogie (Blue in the Face, 1996) de Paul Auster et Wayne Wang, aux côtés de Harvey Keitel entre autres. Il y joue son propre rôle, l'homme aux étranges lunettes. Il apparaît également dans les films Si loin, si proche ! (In weiter Ferne, so nah !) et The Soul of a Man de Wim Wenders.
Le titre Perfect Day figure sur la bande originale des films Trainspotting et Le Premier Jour du reste de ta vie. Satellite of Love, tiré de l'album Transformer, figure sur la bande originale de Velvet Goldmine.
Lou Reed pratique la photographie et publie son premier livre, Emotion in Action, en 2003. En 2012, il publie Rimes Rhymes, un livre présentant 300 de ses clichés accompagnés d'un texte de l’écrivain suisse Bernard Comment.